Le Monde de Thierry
25 septembre 2010 : Qu’est-ce que le progrès ?
En Suisse, lorsqu’une personne est victime d’une infraction, d’une agression ou d’un accident, elle bénéficie de l’aide aux victimes. C’est bien. En Suisse, il existe des cellules de crises et des psychologues d’urgence, qui interviennent pour soutenir ceux qui ont vécu un traumatisme. C’est bien. En Suisse, il y a des lois, une police et des tribunaux, pour sanctionner les délinquants et protéger la population. C’est bien. En Suisse, la police, les tribunaux et les psychologues doivent intervenir chaque jour. Est-ce bien ? Hier, en Suisse, en plein centre ville de Lausanne, de jour, sur une rue fréquentée, à côté d’un restaurant bondé, deux hommes masqués et armés de couteaux ont braqué une station service et volé la recette. Ce matin, en Malaisie, lorsque ma belle-mère nous racontait les faits et la peur qu’elle a eue devant ses agresseurs, trois femmes malaises déposaient leur sac à main à l’extérieur d’un supermarché, pour y faire leurs commissions les mains libres. Dehors, personne ne gardait leurs affaires. Qu’est-ce que le progrès ?
 
1 février 2010 : Brèves...
Un livre essentiel
Récemment, j’ai lu « Les matins de Jénine » de Susan Abulhawa, aux éditions Pocket, traduction du titre original « The scar of David ». Ce sont Véro et Loane qui me l’ont conseillé. Je me dois aujourd’hui de conseiller ce livre au monde entier. En particulier, je souhaite que ce livre soit lu en classe. Parce qu’il éclaire. Parce qu’il est clair. Sans justifier ni excuser le présent, il l’explique. Parce que si nos journaux télévisés se contentent de rapporter des faits et de compter les morts, ce livre raconte l’histoire, repose le contexte et rend humaine une tragédie devenue politique. 1948. La Palestine. Israël. Qui se souvient ? Qui a appris à l’école le déroulement de l’histoire qui se poursuit aujourd’hui ? A tous ceux qui veulent ouvrir les yeux et comprendre l’actualité, je conseille la lecture de ce livre, beau, poignant, sincère.
 
Engagement
La corruption ? Elle ne passera pas par moi. Voilà la promesse que je me suis faite en quittant la Suisse, le premier jour de notre voyage. Quitte à faire le pied de grue pendant des heures à une frontière. Quitte à renoncer à certaines choses et changer le programme. Quitte à passer pour un con. 1 mois plus tard. Douane albanaise. J’ai été pris par surprise. Je ne m’y attendais pas. Pas là. Pas si tôt. J’ai cédé. Toute la journée j’ai pesté. J’avais la rage. Je m’en voulais. Le même soir, à la sortie du même pays, j’ai résisté. Et depuis, plus rien. Plus une seule requête de type corruption ne nous a été faite. Parce que je le vaux bien ? Je ne sais pas. Ce que je crois en revanche, c’est qu’il y a parmi les voyageurs qui se plaignent de la corruption, une partie d’entre eux qui aiment en profiter quand ça les arrange. Ce que je sais aussi, c’est qu’il nous arrive de lutter pendant plusieurs minutes sur des pacotilles. Sans jamais céder. Question de principe. Suis-je devenu un vieux con ? Suis-je devenu plus Suisse que Suisse ? Ou suis-je devenu plus responsable? Plus engagé pour l’équité que je souhaite sur terre. Plus actif pour la justice à laquelle je crois. Plus conséquent entre mes pensées et mes actes. C’est sûr, ce serait plus facile de céder 1 franc ici et 50 centimes là. C’est sûr. Mais alors, devenu complice, je n’aurais plus le droit de me plaindre de la corruption, des abus et des escrocs. Je n’aurais plus la légitimité à lutter pour le monde auquel je crois. Alors, je n’aurais plus envie de vivre dans ce monde dont je ne veux pas...
 
Attrait répulsif
Depuis le début de notre voyage, je constate en moi un mouvement qui se répète à l’égard des religions. D’abord un intérêt. Un désir de comprendre. De cerner. De découvrir. Puis, un attrait. La nouveauté. La différence. Les bonnes idées et les bonnes intentions me séduisent. L’universalité de la quête. La Foi. Puis vient l’expérience et avec elle, la prise de conscience. Je mets le doigt sur le hiatus entre le discours et la réalité. Je découvre les injustices et les absurdités des dogmes et de leurs exigences. J’exècre la stupidité des codes vestimentaires et cette volonté d’afficher son appartenance religieuse. Surgit ensuite en moi l’intolérance face à l’irrespect de la femme ou des autres. La déception face à la contradiction. Enfin, apparaît dans mon coeur la colère, quand toujours, le nom de Dieu justifie les armes... Alors, jour après jour, religion après religion, pays après pays, au fil de l’expérience, je me rends à l’évidence : la Paix règnera sur terre, lorsque l’Amour se sera affranchi de toutes les religions de ce monde...
 
Inspiration
Qu’est-ce que l’Amour ? Une énergie universelle, présente dans le coeur de chaque être humain, le plus souvent emprisonnée. Bridée. Cachée. Par Peur. Qu’est-ce que la Peur ? Une énergie universelle, présente dans le coeur de chaque être humain, le plus souvent diffuse. Contagieuse. Exacerbée. Par Amour. L’Amour et la Peur. Indissociables, parce que complémentaires, comme les pôles positifs et négatifs du courant électrique. Indissociables, parce que toutes deux vitales. Mais, quel déséquilibre ! Pour faire ce que je fais aujourd’hui, vivre mon rêve, il m’a fallu rétablir l’équilibre. Accueillir ces forces vitales en mon coeur. Les intégrer. Les faire collaborer à mon rêve le plus fou qui est de faire qui je suis, pour ne plus avoir à rêver devenir celui que je veux être. Il est sur terre des gens qui croient comme moi en la capacité de chacun à réaliser ses rêves. Certains d’entre eux sont ici avec moi. C’est ma famille. D’autres accompagnent ceux qui en ont marre de rêver seulement ou de ne plus oser rêver... Ces personnes sont mes partenaires professionnels et je voulais les remercier. C’est fait.
Pour les contacter : info@balthasar-formation.ch
 
4 juillet 2009 : Chronique d’Afrique du Sud
Aujourd’hui est le jour de l’indépendance américaine et une question me hante : que devient le monde ? A l’école, j’ai appris que le blanc et le noir formait du gris si on les mélangeait. Ici, je réalise que sans les mélanger, c’est le ciel qui devient gris, comme un ciel orageux et menaçant dont la couleur déteint sur les visages des citoyens… Voilà 20 ans déjà que l’apartheid a été aboli… Ca semble beaucoup. Mais il suffit de se promener en Afrique du Sud pour se rendre compte combien 20 années ressemblent à 20 minutes à l’échelle de l’histoire mondiale. L’Afrique du Sud a vécu 30 années de ségrégation organisée. 30 ans à construire des villages noirs, des quartiers noirs… 30 ans à préserver des écoles blanches, des églises blanches, des entreprises blanches, des bars blancs, des commerces blancs, des voitures blanches, des maisons blanches, des propriétés blanches, des récoltes blanches, des fermes et des terres blanches… Trois décennies à inventer des droits blancs et des interdictions noires, à édicter des lois blanches et édifier des prisons noires… 30 ans à suivre les idées d’une église qui détenait la preuve que la race noire était moins évoluée que la race blanche. 30 ans à se convaincre qu’il vaut mieux pour tout le monde, créer deux mondes distincts, par souci d’égalité. Créer un monde pour les noirs, un monde où ils pourraient défendre leurs chances de manière équitable, parce que dans un monde mixte, ils n’auraient aucune chance… 30 ans à construire des murs, d’abord en béton, puis en briques d’incompréhension. 30 ans… On finit par croire, après tant d’années que : « si ça a existé, c’est qu’il devait bien avoir une raison… » C’est ce qu’on se dit, après 30 ans… Combien d’années faudra-t-il pour qu’on oublie. Combien de générations de noirs et de blancs croiront encore que naître noir, c’est n’être que noir… Ce qui a été séparé à l’époque l’est toujours aujourd’hui. On voit des quartiers noirs qui sont restés des quartiers noirs. Les ouvriers sont noirs et les patrons sont blancs. Les conducteurs sont blancs et les piétons sont noirs. Ca ne se mélange pas. A croire que ces deux couleurs sont comme l’huile et l’eau : l’une attise le feu et l’autre est censée l’éteindre… quand elle ne l’attise pas elle-même ! Plus que partout en Afrique, il y a ici deux mondes qui vivent encore et toujours en parallèle. Deux mondes séparés. Et comme partout dans le monde, là où les mondes sont séparés, la méfiance règne en sentiment majoritaire. Aux élections des émotions, la méfiance et la peur sont les partis les mieux représentés. La confiance et le respect font office d’outsider, de minorité, dont on ne se bat même pas pour les préserver… Alors, la tension est grande. Aussi grande que l’attention que chacun porte à se protéger. Et comme avec un ressort sur lequel on a trop tiré, la menace de la rupture est là. Concrète. Palpable. Ca va casser. Tout le monde le sait. Tout le monde le sent. Tout le monde le craint. Mais quand ? Comment ? Personne n’a de réponse. A l’école, j’ai appris que le pôle négatif est nécessaire au pôle positif pour fournir l’électricité. Par la vie, j’ai appris, que les émotions sont nécessaires à la raison pour fonctionner. Dans mon cœur, j’ai appris que l’adulte a besoin de son enfance pour évoluer. Alors, pourquoi faire deux avec ce qui n’est qu’un ? Pourquoi toujours dissocier ce qui est uni ? Ne pourrait-on pas, au lieu d’assurer l’égalité des hommes et des femmes, nous réjouir de l’énergie produite par le masculin et le féminin en chacun de nous ? Ne pourrions-nous pas admirer la fresque humaine comme on contemple une mosaïque de Gaudi : sans chercher à distinguer les couleurs qui la composent ? Le drapeau de la paix est aux couleurs de l’arc-en-ciel. Ce n’est pas un drapeau bleu, rouge, jaune, orange, violet et vert. Pourquoi ? Parce qu’à l’école, j’ai appris que toutes les couleurs de l’arc-en-ciel, une fois mélangées sur une toile, donnent du noir. Mais, j’ai aussi appris que ces mêmes couleurs, lorsqu’elles défilent rapidement devant nos yeux, créent du blanc. Le blanc et le noir sont deux représentations du même arc-en-ciel… Et œuvrer pour la paix, c’est savoir admirer l’arc-en-ciel.
 
Swakopmund : 27 mai 2009
7 mois de voyage. A l’extérieur. A l’intérieur. A l’extérieur, tout bouge, tout change constamment. Les paysages se diversifient, les cultures se succèdent, les gens révèlent leurs différences comme le font la nature et les climats. Les difficultés apparaissent et disparaissent selon les endroits. Les rencontres se multiplient ou se raréfient, selon les régions et selon nos humeurs. Les kilomètres défilent sous nos roues, tandis que nous approchons du Sud de l’Afrique. Bientôt nous aurons parcouru le continent de haut en bas, du Nord au Sud. Bientôt, nous aurons découvert ce que l’Afrique de l’Ouest pouvait nous réserver comme surprises. Déjà nos têtes sont pleines de souvenirs et d’images saisies ici ou là, au fil du voyage. Déjà, nos cœurs débordent de sensations et d’émotions. Déjà, je prends conscience du voyage qui se passe à l’intérieur… A l’intérieur, les choses se posent, s’installent et s’apaisent. Le stress et la tension laissent place peu à peu à la sérénité, la joie, le plaisir. Les inquiétudes, les doutes et les frustrations s’atténuent tandis que la confiance et l’équilibre se renforcent. Je vais de mieux en mieux. Le voyage me semble de plus en plus facile. J’aborde les frontières avec calme. J’ai trouvé mon rythme et mes marques. Je réalise aussi que le bon pain que nous mangeons en Zambie contribue à me donner le sourire et le moral… Du pain. Voilà la recette du bonheur après 7 mois de voyage ! Je n’en reviens pas…. A propos de régime et d’alimentation, j’ai perdu en effet 10 kilos environ depuis le début du voyage (certains d’entre vous s’en sont inquiétés). Mais je n’ai pas été malade. Au contraire, je me sens en forme et j’ai de l’énergie. Je pense que le changement d’alimentation, l’absence de chocolat, de pain, de fromage et de petits grignotage sont les seules causes…Pas de soucis... On retrouve de bonnes choses à manger en trop grande quantité... En Suisse, ma pièce de théâtre n’a pas été primée. Peu importe ; ça me donne juste envie d’en écrire une nouvelle et de commencer l’écriture d’un autre livre. Mais ça coince. Les mots restent bloqués, mes idées se mélangent et je ne sais par où commencer. J’ai plusieurs envies, plusieurs pistes, mais je ne me lance pas… J’ai l’impression que les choses doivent mûrir encore un peu. Mais, je crains qu’elles ne pourrissent dans ma tête, si je ne me mets pas au travail bientôt. Suis-je en train de me chercher des excuses ? Suis-je en train de me mettre sous pressions ? Je ne sais pas pour l’instant. Ce que je sais, c’est que je me réjouis de m’y mettre…
 
Adis Abeba : 8 mars 2009
Il y a des semaines où l’on vieillit vite, trop vite. Les dernières de février 2009 en font partie pour moi. J’ai traversé le Soudan le cœur fermé, les oreilles bouchées et le regard brouillé. Les difficultés rencontrées en Egypte et les peurs pour la suite ont fini par m’achever et atteindre ma santé. Mon dos s’est bloqué et m’a fait terriblement souffrir une bonne quinzaine de jours… Et puis, il y a des jours où l’on gagne des instants d’éternité. L’Ethiopie m’en a offert des heures et des semaines. En Ethiopie, j’ai redécouvert la vie, la confiance et la foi. Ce pays m’a touché, marqué, ébranlé. J’ai lâché. Je n’ai pas eu le choix. Je m’en suis remis à la vie. Je me suis remis en vie. J’ai eu envie de vivre à nouveau, d’aimer simplement. Pour cela, j’ai par exemple passé une journée entière à regarder chaque enfant, chaque adulte et chaque rare vieillard croisé. Je les ai tous regardés droit dans les yeux, ne serait-ce qu’une fraction de seconde, parce qu’on roulait. J’ai ôté mes lunettes de soleil, pour me laisser éblouir par leur sourire et les laisser voir mes yeux embués ou carrément innondés. A chaque regard ciblé, leur visage s’éclairait et la crue augmentait dans mes yeux. C’est que dans le noir de leurs yeux, il y a toutes les couleurs du monde. Je me suis livré à eux, rien qu’avec mes yeux. Ils m’ont remercié, juste avec leurs yeux. J’ai dû me coucher ensuite et laisser Véro rouler. J’ai pleuré alors, tout ce que j’avais retenu avant, au Soudan. En pleurant, j’ai ri. J’ai ri et j’ai pleuré, sans trop savoir ce que je faisais, ni ce que je ressentais. Ce que je sais, c’est que mon dos s’est débloqué, une fois la nuit passée. Alors, j’ai laissé mon cœur béant vivre ainsi, jours après jours. Je me suis laissé touché par tout ce que j’ai vu. Les arbres, la terre, les oiseaux, le ciel. Tout ici est tellement intense. La terre par endroit a la couleur du sang. Elle est chaude, voire brûlante, mais elle reste profondément accueillante et attachante comme ceux qui la travaillent et la foulent des pieds. Les arbres m’ont fait pleurer. Les nuages aussi. Le ciel. Même les pierres, grises ou noires ont révélé leurs nuances subtiles de mauve à mes yeux guéris… Pour ne plus m’enfermer et pour ne plus me faire mal, j’ai osé donner ce que je n’avais jamais osé donner avant : le droit d’entrer dans mon cœur à n’importe quel inconnu. J’ai donné l’amour dont j’étais capable à chaque personne croisée… Avec le recul, je réalise que j’ai le choix de vivre dans la peur ou dans l’amour. Ce sont deux énergies qui se complètent, même si souvent elles s’opposent. En Egypte, j’ai réagi par peur. J’avais peur qu’on me vole, j’avais peur d’être visible et objet de convoitise. Mais ce qui m’a le plus effrayé finalement, ce sont mes réactions… Aujourd’hui, je découvre que j’avais surtout peur de me dévoiler, de me laisser vivre et émouvoir. Peu à peu, c’est chose faite… Alors je peux dire que ce que j’ai de plus précieux ne pourra jamais m’être dérobé : c’est mon cœur, avec ce et ceux qu’il contient…
 
Louxor - Egypte - 1er février 2009
On devrait imposer un séjour en Egypte lors de tous les cours d’affirmation de soi ! Ici, je suis sans cesse tiraillé entre agressivité et passivité et chaque jour, l’occasion m’est offerte de trouver mon centre et de me respecter. Adopter la juste attitude, utiliser le bon ton, tel est mon défi quotidien. Demander et obtenir, sans renoncer, ni agresser. La meilleure clé reste l’humour, pour autant qu’il soit utilisé avec sincérité et générosité. Franchement, je ne suis pas encore très doué dans ce registre, même si je m’y entraîne chaque jour. Il y a toujours un fond d’agacement que mon ton trahit et qui rend mon humour peu amusant… Alors à défaut, je tente la détermination et la fermeté. Mais qu’il est dur de s’y tenir. Ca me demande une grande discipline, beaucoup de courage, de la persévérance et de l’énergie. Souvent l’envie me vient de laisser tomber. Mais si je le fais, aussitôt après, je suis en colère et tout me devient insupportable. Alors, j’aboie sur chaque personne qui m’aborde… Merci l’Egypte pour cet entraînement que tu m’imposes, j’éprouve un réel plaisir à progresser chaque jour et à surmonter chacune de tes épreuves… Chez toi, j’ai beaucoup appris… sur ce qui me reste à apprendre ! J’ai terminé ma pièce de théâtre. Véro, Loane et Max l’ont lue, sans s’ennuyer. Pour moi, c’est bingo et je leur suis infiniment reconnaissant du feed-back qu’ils m’ont donné. C’est profondément touchant et gratifiant de voir ses enfants réclamer l’ordinateur pour lire la suite de la pièce et dévorer les 77 pages en moins de deux jours. J’ai pris un énorme plaisir à créer cette pièce et déjà de nouvelles idées germent en moi… Je m’accorde cependant un temps de repos avant de m’y atteler. Quant à la pièce que j’ai écrite, je vous donnerai des détails l’été prochain… A suivre… Ces jours, certains de mes amis ou proches ont souvent occupé mes pensées. Alors, voici quelques dédicaces personnelles : A Max le ver de terre : lis s’il te plaît ce que j’ai écrit sur Misou et sache qu’à ses côtés, je n’ai cessé de penser à toi ! A Sébastien : j’ai en souvenir les entraînements passés hors de l’eau, à t’écouter me raconter les pyramides, puis ta conférence, maquette à l’appui. Tu m’as manqué ici et je souhaite vivement te revoir au cours de notre voyage. A Roberto : Ce que tu fais est magnifique, comme ce que tu es… A DB : Coucou… La ligne est connectée… Je m’en réjouis. A toi qui a nagé au Caire : Ah, si tu pouvais recevoir toutes mes pensées pour toi… Sache qu’elles sont là, à portée de ton cœur. Je t’aime. A vous quatre qui travaillez à Genève : prenez soin de vous s’il vous plaît…
 
Nuweiba / Egypte - 6 janvier 2009
Le désert, la mer rouge… du yoga et voilà les conditions idéales pour moi. Si parfois je crève d’envie d’aller skier, il me suffit de bien y penser et hop j’enfile mon masque, mes palmes et je plonge taquiner toutes les couleurs qui bougent dans la mer ! Je traverse une très belle phase de vie. Je me laisse porter par nos aventures et notre vie nomade. Quel bonheur et quel confort ! Pas de guirlandes dans les rues. Pas de nocturnes le 20 ou le 22 décembre, mais tous les jours, sans consommationnite aigüe. C’est si simple la vie ainsi. Du riz, des patates, du pain, des légumes, des fruits, de l’eau et du thé… Tout est si léger. J’ai pris ma plume et me suis lancé dans la rédaction de ma pièce de théâtre… Peut-être un jour je vous en parlerai davantage… Pour l’heure, je me laisse bercer par la douceur du climat et je profite.
 
Irbid/Jordanie - 19 décembre 2008
Ca y est ! Le voyage a commencé. Enfin. Il m’aura fallu du temps pour m’y plonger et prendre mes aises. Mais là, c’est fait. La Capadocce m’a offert un spectacle qui m’a littéralement emballé. J’ai plongé dans ces paysages et j’ai pris mon pied à découvrir ces grottes, ces églises, ces tunnels et ces cheminées de fées… Ensuite, la route, scabreuse, mais tellement dépaysante et vivifiante. Puis Antakya et ce quartier dans lequel nous nous sommes installés, pour la première fois depuis notre départ. Nous avons campé là, 5 jours consécutifs. Parce que nous y étions bien. Très bien. Quand nous sommes partis visiter l’église St-Pierre, nous nous réjouissions de revenir « chez nous », dans « notre » quartier. Les enfants ont tellement joué. Cette étape m’a permis de me poser. De souffler. De profiter simplement de la chance que nous avons. De prendre conscience aussi. Savourer. Vivre. Aimer. Partager. Et puis, la route a repris. Et nous avons passé notre première « vraie » frontière. Nous voici en Syrie… avec Casita. Ca fait drôle franchement de se retourner et de regarder le chemin parcouru... Bientôt nous serons au chaud. Mais déjà, la chaleur circule dans mes veines. Je suis fier de nous. Bodrum – 19 novembre 2008 Je rêvais de travailler à temps partiel, pour voir grandir les enfants, m’en occuper, les instruire et profiter de temps libre. Aujourd’hui je « travaille » à 150 %, à voir les enfants grandir, m’en occuper, assurer l’enseignement, leur faire découvrir le monde et prendre du temps libre ! Parcourir Istanbul avec dans chaque main, la main d’un enfant et dans chaque oreille, ses paroles, ses questions, ses gags ou ses silences… Quel bonheur ! Les observer jouer, séduire Pascal, Emeric ou le serveur, bricoler, imiter, écrire, lire et créer… Je peux le faire tous les jours, à chaque heure. Quel Bonheur ! Ils grouillent d’idée, d’inventivité, de curiosité. J’ai profité de leur présence à mes côtés au volant. J’ai ri de leurs plaisanteries autant que j’ai pu m’énerver de leurs saloperies !! Alors petit florilège : Zoé a grandi, d’un coup. Elle drague et fait les yeux doux. Elle réplique aussi, avec vivacité et tant d’(im)pertinence ! Exemple : quand elle joue aux amoureux avec Loane, c’est elle qui fait l’homme. « Quand on s’embrasse, on fait juste smack en l’air, comme les poissons, pas aoaoaaoaoah comme vous, comme les requins ! » nous raconte-t-elle en ouvrant grand la bouche et en imitant un roulage de pelle !! Sam nous raconte des histoires drôles qu’il lit à longueur de journées : « maman, pourquoi t’as un gros ventre ? demande un enfant à sa maman. Ben, parce que papa m’a donné un bébé, répond la maman. Le soir venu, le petit va vers son père : papa, c’est vrai que tu as donné un bébé à maman ? Le père répond oui. Alors le petit lui rétorque : eh ben elle l’a mangé !... » Tandis que nous avons remercié les enfants pour leur excellent comportement à Istanbul, en particulier sur le fait qu’ils n’aient pas réclamé à acheter quelque chose tout au long des bazars et commerces, Loane nous répond du tac au tac avec un sourire malicieux : « ben faut dire que les glaces n’avaient franchement pas l’air bonnes ! » Max, après avoir cassé le sceau des toilettes, avait pour mission d’en trouver un de remplacement. Il en a trouvé un à 3 Liras (1.5 euro) qu’il a négocié à 2 Liras. Au moment où nous lui demandons de nous rembourser les 2 Liras, il s’exclame : « merde, j’aurais dû le négocier plus bas ! » Voilà. Je tairai les coups de gueules et les colères, parce que franchement, ça ne fait pas le poids face à tout le plaisir que j’ai à passer ma vie avec mes enfants.
 
Trieste, Italie - 29.10.2008
Histoire d’une casse
Samedi après-midi, je m’allonge dans mon lit pour respirer. A peine me suis-je installé à l’horizontale, qu’un mot me tombe dessus, comme une évidence : EPUISEMENT. Je suis épuisé. Ce mot fait écho en moi. Il sonne juste à l’oreille de mon cœur et mon corps se détend en l’entendant. Pourtant, je ne change rien et rien dans ma vie ne change. Je continue. Je me relève, reprends ma caisse à outils, ma liste des choses à faire, je fais des coches sur 2-3 tâches accomplies et j’ajoute 5 ou 6 lignes de choses à faire avant de partir : appeler la banque, contacter avocat, poursuite, expertise, terminer coffre, refaire étanchéité fenêtres, relever mails, vérifier connexion, récupérer ordinateur, appeler pour suivre la commande du chargeur,… Evidemment, je n’écris pas : me reposer, me promener, jouer, écouter les enfants, prendre du temps avec Véro. Pas le temps. Ce sera pour plus tard. Maintenant on a plus important à faire. Plus urgent surtout, si on veut partir un jour. Partir. Est-ce encore possible ? Avec quoi partir ? Pourquoi partir ? Je ne sais plus. Je vis sans vie depuis si longtemps. J’ai perdu le sens de mon action. J’ai perdu aussi mon bon sens et depuis plusieurs mois le sens de l’humour. Il ne me reste que le sens de l’humeur : maussade, triste, crispée. Il me reste aussi les larmes qui perlent à la simple idée d’un morceau de fromage, d’un bout de pain, d’un fruit sec ou d’un légume. Je m’émeuts pour rien. Mon corps est lourd, dur, encombrant. Mais je tiens. J’avance. Je fais. Je fais. Je fais, même si je ne vais pas… Et puis lundi matin, tout s’arrête. Seul dans Casita, je recherche un chargeur d’ordinateur et soudain la rage me prend et avec elle, le désespoir. Profond. Accablant. Pesant. Envahissant. Une chappe de désespoir me plombe le corps et l’esprit. Je ne vois plus rien. C’est le trou noir. Je me souviens m’être dit : c’est fini, là j’suis cuit ! Je me suis levé. Le chargeur que je cherchais m’est apparu, là, devant mes yeux, où il était certainement depuis le début de ma recherche. Les yeux dans le vide, j’ai marché les 50 mètres qui me séparaient de Véro. Je me suis étendu vers elle et au contact de sa main sur ma poitrine, j’ai craqué. Craqué. Comme la crevasse d’un glacier qui cède sous le poids d’un pas de trop, j’ai senti mon corps s’effondrer, se briser, très loin en profondeur. Pas juste une crise de larmes ou une émotion qui passe. Un effondrement, une fissure qui se fait faille, puis gouffre. Je suis tombé au fond du gouffre. Etonnamment, au moment de reprendre mes esprits, je me suis senti soulagé. Soulagé d’avoir lâché. Comme anesthésié, enveloppé dans une nappe de brouillard qui me protège et me porte, je me sens calfeutré dans une bulle de douceur ouateuse. Je n’entends plus vraiment bien : j’ai des tampons dans les oreilles qui absorbent les sons. Je ne vois plus très loin : j’ai des œillères qui restreignent ma vue à l’essentiel qui est juste devant moi. Je ne parle plus vraiment : j’aligne des mots, parfois dans le désordre, souvent sans cohérence. Depuis, 15 jours ont passé. Je me repose. J’ai voulu prendre le volant. En vain. Inutile d’essayer, j’étais débordé par la tâche qui m’attendait. Incapable de tourner la clé. J’ai voulu écrire. Impossible. Lire. Même handicap. Ma tête s’est refusée à tout effort et mon corps s’est montré loyal envers elle. J’ai voulu rire. Illusoire. J’ai fui les gens, les inconnus. Je n’ai pu que me lever, manger, m’asseoir, me coucher. Plusieurs jours se sont ainsi écoulés. Je n’ai pas paniqué. J’ai pris mon temps. Et puis, progressivement mes forces sont revenues. J’ai pu reprendre un tournevis, mais pas encore un crayon. J’ai pu revoir les amis. Leur dire au-revoir et trouver du plaisir dans les contacts. J’ai souhaité faire des jeux avec les enfants et Véro. J’ai accepté d’œuvrer comme co-pilote, même si parfois, je me sens encore dépassé par la complexité de la tâche. Et les jours passent. Et chaque matin me voit aller mieux. Aujourd’hui, j’ai repris le clavier. Pour mettre à jour le site et pour témoigner. Me souvenir. Un jour, une cassure... la veille de l’aventure.
 
Brienz, Suisse - 31.5.2008
La vie est belle et elle peut être assez simple somme toute ! Je trouve mes marques, je prends mon rythme, je me fais du bien. Chaque matin un peu de sport - marche ou joga - et méditation. Repas plus légers. Et le tour est joué ! Mon sourire se renverse et pointe désormais vers le haut, parallèle à mon moral. La vie se passe. Je profite de ce que je vis. Franchement : c'est le pied.
 
Lausanne, Suisse - 6.5.2008
Voilà un mois que nous avons quitté la maison. Je trouve peu à peu mon rythme, je retrouve le sourire et je commence à profiter de cette nouvelle vie. Reste que cela est bien plus facile dès que nous sommes hors des frontières suisses et qu'à peine de retour ici, c'est le stress qui me regagne. Un coucou tout spécial à Roberto. Je me réjouis de te revoir et je pense fort à toi.
 
Rolle, Suisse - 14 avril 2008
Quelques jours passés dans le Sud de la France est un constat : c’est difficile de lâcher prise. Profiter de l’instant. De la vie. Vivre. Tout court. Fondamentalement nous n’avons plus que 3 questions par jour à résoudre : quoi manger ? où dormir ? où aller ensuite ? Et pourtant. Je me surprends à avoir l’esprit embrouillé de mille questions futiles : comment faire pour enregistrer mes slams pour les mettre sur le site ? faudra vértfier que la webcam fonctionne ! où trouver du réseau internet ? où trouver de l’info pour le choix du moteur ? qu’est-ce qu’on fait, qu’est-ce qu’on décide ? Toutes ces questions prennent une dimension essentielle, envahissante. En route j’ai acheté « Psychologies » magazine. L’édito parle du concept de la noosphère et de notre relation – dépendance ? - au réseau internet. Une évidence de notre société actuelle, selon l’auteur. Je me demande. Je me sens très ambivalent sur la question. D’un côté une envie folle de tout couper m’habite et d’un autre, je cède à l’instant à l’envie intense de m’en servir…
 
Suisse romande - 2.4.2008
Heureux ! Tout se passe bien. Première mise à jour du site depuis le départ de la maison. Des aléas et beaucoup de plaisir pourtant. Du retard et un nouveau rythme à trouver. Laisser aller. Suivre le mouvement. Danser. Patienter. Ecouter. Agir. Doser. Oser. Tiens c'est marrant, ça me rappelle le théâtre d'impro... Rien de pro, rien de trop, juste ce qu'il faut pour se marrer. C'est parti, je vais m'amuser, je le sens..  
 
Grandvaux, Suisse-10.3.2008 Dernière semaine de boulot pour moi et le grand vertige... On rêve tous de lever l'ancre, de se mettre en pause, de faire un break. Et puis, on n'est pas nombreux à faire le pas. Aujourd'hui je comprends mieux pourquoi... Depuis que nous parlons de ce voyage, les gens nous disent "c'est courageux!" Au début, je répondais avec un certain détachement : "c'est rester ici qui me semble courageux..." Aveuglement ? Déni ? Triomphalisme ? Arrogance ? Certainement un peu de tout cela... Et puis aujourd'hui, me voici remis à ma place... Dernière semaine de boulot et l'anxiété qui est là. Présente. Pressante. Stressante. Dès lundi prochain, il nous restera les derniers cartons à faire, puis le déménagement mercredi, les nettoyages, la livraison de Léonie chez Stuker, l'emménagement dans le camping car de remplacement, puis la remise des clés et puis... Et puis voilà ! Nous serons en route. Certes pas encore de l'autre côté de l'Atlantique, mais en route quand même ! Et encore tant de chose qui ne sont pas prêtes... et tant qui ne le seront jamais de toutes façons... Dans un tel projet, on lâche nos certitudes, on abandonne le contrôle et on fait le pari de la vie, de la confiance, de la foi... C'est vrai que ça demande du courage... Merci à tous ceux qui l'ont reconnu avant moi!
 
Grandvaux,Suisse - 25.2.2008
Bienvenue sur ma page personnelle ! C'est ici que j'ai envie de vous partager mon tour du monde, mes sensations, mes états d'âme et mes réalisations éventuelles... Vous y trouverez certainement quelques textes que j'aurai l'occasion de pondre au fil du temps... A très bientôt Thierry
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