Février 2013 : Portugal
Entrée en matière
Nous entrons au Portugal par l’autoroute du sud-est, en arrivant de Huelva en Andalousie. Aussitôt, un immense panneau nous dirige sur le bord de la chaussée où nous nous trouvons nez à nez avec un automate. Il s’agit d’introduire notre carte de crédit dans une machine ; celle-ci associera notre numéro de plaques à notre carte bancaire et les frais de péages autoroutiers seront débités automatiquement, chaque fois que nous passerons sous un portique équipé de caméras. Nous sommes un peu perplexes devant le système. Sans aucune information sur les tarifs et sur la sécurité du dispositif, nous hésitons avant de jouer le jeu. Cela dit, 40 kilomètres plus loin, nous quittons l’autoroute en nous promettant de ne pas y remettre les roues : à 3 euros les 10 kilomètres, on comprend que la route soit déserte !
 
Après cet accueil un peu impersonnel, nous ressentons rapidement un décalage entre les tarifs autoroutiers ou la technologie développée et la simplicité des villages que nous traversons. L’autoroute est européenne, la campagne portugaise. Nous vivrons souvent ce contraste au Portugal, peinant à comprendre comment les habitants du pays parviennent à vivre avec un salaire moyen inférieur à 600 euros mensuels et des prix plus élevés qu’en Espagne.
Faro et la côte sud-est : certainement pas le phare du pays
Nos premiers pas au Portugal sont peu enthousiasmants. Nous avons l’impression d’entrer dans un pays dont le développement s’est fait de manière hétéroclite voire anarchique. Le vieux côtoie du neuf inabouti, les constructions sont sans charme et les paysages peu harmonieux, le tout se mélangeant sans logique apparente.
La première semaine, Véro et les enfants s’installent dans un camping à proximité de Faro, d’où Thierry s’en ira pour la Suisse où il animera quelques cours. Immédiatement rejoints par Nathalie, Alban et Charlotte, Véro et les enfants mobilisent leur humour et créativité pour compenser la morosité du camping. En effet, l’endroit est bondé et sans charme. Et pour couronner le tableau, le bungalow d’Alban et Nathalie est cambriolé un soir, malgré la présence du couple et des chiens.
Nous fêtons les 16 ans de Max tous ensemble et esquivons le lendemain les 24 ans ( !?!) de Nathalie, qui préfère ne pas compter les années… Au moment de nous séparer, les cœurs se serrent ; parmi les trois couples présents dans le groupe, une paire se sépare en se promettant de se revoir le plus tôt possible !
Loulé et Quarteira : carnaval et framboises
En quittant le camping, nous démarrons notre véritable découverte du Portugal. Nous commençons par Loulé où a lieu le plus ancien carnaval du pays. Nous y assistons, encouragés par les commentaires et quelques photos dénichées sur internet : musique, samba, costumes et belles femmes sont à l’affiche. Nous découvrons le lendemain le cortège de Quarteira.
L’ambiance bon enfant et saine ainsi que les chars et costumes colorés nous font passer un bon moment au cœur de la ville. Cependant, pour les amateurs de danse que nous sommes, c’est difficile de trouver plus enchanteur que le Carnaval d’Aguilas auquel nous avons assisté l’année passée en Espagne.
Au marché de Loulé, nous dénichons en revanche des framboises à un tarif imbattable. Nous en achetons 5 kilos et nous nourrissons des fruits pendant 2 jours !
Algarve : à la hauteur de ses falaises !
Après une première semaine en demi-teinte, nous avançons dans l’Algarve et notre enthousiasme grimpe aussi vite que le Portugal nous offre ses plus belles surprises. Au mois de février, la province sud du Portugal est un havre de paix et de ressourcement. Nous bénéficions d’un climat clément, avec très peu de vent et beaucoup de soleil. Notre voyage nous conduit de falaises en criques, de plages en promontoires rocheux tous plus saisissants les uns que les autres. Chaque soir, nous installons le bivouac dans un nouveau coin de paradis, fascinés par l’horizon, le calme et la splendeur des paysages.
La côte est sauvage, extrêmement préservée et protégée. Dans les villages que nous traversons, quelques affiches pour des chambres d’hôtes ou des pensions rappellent que le touriste est le bienvenu. Ici et là, des échoppes pour surfeur ouvriront leurs portes à la belle saison, pour l’heure, nous avons l’impression de fouler des terres inexplorées.
Au fil des jours, nous nous sentons les hôtes privilégiés d’une zone oubliée du monde. Les villages traditionnels sont simples et modestes, les plages n’attendent que nous. Il y a pourtant bon nombre de camping-cars qui se regroupent ici en hiver. Nous les voyons quotidiennement. Cependant, contrairement à ce que nous avions ressenti au Maroc l’hiver passé, nous ne sommes pas gênés par les « roulottes blanches ». Il y a plusieurs raisons à cela. La plus subjective est probablement le fait que nous trouvons régulièrement parmi eux des clients pour notre livre. Ainsi, à peine coupons-nous le moteur, les enfants sautent à l’extérieur avec quelques ouvrages sous le bras et s’en vont faire la tournée des nouveaux voisins pour raconter nos aventures et présenter notre ouvrage. Comme quoi, à défaut de pouvoir changer le monde, on peut changer le regard qu’on porte sur notre environnement et déjà se sentir mieux.
L’autre élément distinctif nous semble-t-il, c’est que les retraités que nous rencontrons hors des campings au Portugal sont nomades. Ils se déplacent, une à deux fois par semaine. Il n’y a pas ici de véhicule installé pour 5 mois, avec tente, auvent et remorque frigorifique. Les gens bougent, visitent et découvrent, avec émotion et respect.
Evora
Sur la route pour Lisbonne, nous faisons halte à Evora, inscrite au patrimoine mondial de l’Unesco. Avec ses ruelles étroites, la bourgade ressemble à un musée grandeur nature et sans plus d’animation. Nous repartons un peu déçus, malgré notre admiration devant l’intact temple romain qui domine la place au sommet du village.
Cabo San Vicente : terre du bout du monde
A la pointe la plus occidentale de la côte sud le Cabo San Vicente est un parc naturel, une zone protégée donnant la réplique au Cabo de Gata à la pointe orientale de la péninsule ibérique. Comme dans toute l’Algarve, nous découvrons ici des villages authentiques et modestes, presque austères dans leur dénuement. Par rapport à l’Andalousie à laquelle nous sommes habitués, l’ambiance ici semble un peu triste, peu festive. On ne ressent pas la joie qui règne dans le pays voisin. A défaut d’être drôle, la population est touchante, sincère, introvertie. De même pour les paysages, d’une beauté brute. Il se dégage de l’endroit une énergie verticale qui soutient la méditation et la contemplation. On est ici loin de tout, un peu au bout du monde, au bout de soi.
Thierry et Véro se laissent d’ailleurs surprendre par cette énergie et dénichent un endroit dans lequel faire venir des groupes, lors de stages ou ateliers qu’ils organiseront un jour. « Vivre son rêve » recevrait ici un accueil particulièrement favorable.
 
Au même endroit, Max découvre deux jeunes agneaux égarés. Avec ses frères et sœurs, il récupère les orphelins et les confie au berger le plus proche.
Lisbonne : capitale originale
A Lisbonne, on sait où on est. La capitale possède une originalité et un tempérament qui ne laisse aucun doute. Les yeux grands ouverts, nous parcourons les petites ruelles en pente dans lesquelles circulent les trams antiques, nous admirons les innombrables églises et bâtiments à l’architecture spécifique et majestueuse et découvrons l’intérieur de plusieurs commerces, dignes de musée. A l’image du Portugal, Lisbonne offre une très grande diversité. D’une rue à l’autre, l’ambiance change. On passe en quelques pas du quartier populaire aux rues branchées bordées de boutiques internationales et emplies de jeunes passants pressés et avides de consommer. Quelques mètres plus loin, le linge pend aux fenêtres, les femmes se hèlent et les enfants jouent dans la rue. Aux abords de la cathédrale, la communauté africaine se réunit chaque jour, reproduisant sur quelques mètres carrés les scènes de leurs villes natales, sous la chaleur bienveillante du soleil présent sur la place plus longtemps qu’ailleurs dans la ville.
Lisbonne, c’est aussi les azulejos, les fresques bleues et blanches qui recouvrent les murs extérieurs ou intérieurs de bon nombre de bâtiment.
Sintra : poésie et romantisme
Plus nous avançons dans le Portugal, plus le pays nous semble romantique. Sintra est là pour le confirmer. Niché entre des collines abruptes, le village représente à lui seul l’ère romantique. Soutenu et mis en valeur par un poète britannique qui vit en Sintra la plus belle ville du monde, la bourgade rassemble à elle seule un nombre impressionnant de palais, dont celui que nous visitons.
Perché au sommet d’une colline recouverte d’une forêt aux arbres centenaires, le Palacio National da Pena rappelle les illustrations Walt Disney ou les contes de fées. L’intérieur, transformé en musée, offre un voyage dans le temps, un retour en arrière d’un peu plus d’un siècle. Meublées fidèlement aux mœurs de l’époque, les pièces racontent la vie quotidienne de l’aristocratie portugaise. Nous aimons la folie du lieu, son originalité, sa puissance et les émotions qui en émanent. Nos esprits vagabondent librement entre les pièces et les points de vue plongeant sur la vallée, on rêve, on s’amuse, on se laisse emporter par l’univers.
Tout autour du palais, le parc offrirait lui aussi une visite inoubliable. Malheureusement, un ouragan récent a abattu quelque 2'000 arbres et rendu l’accès impossible temporairement.
Duro : vignobles en terrasse.
Comme à nos habitudes, nous sommes entrés au Portugal sans rien connaître du pays au préalable. Nous organisons et construisons le voyage au fur et à mesure de nos découvertes, questions ou envies. C’est en sortant d’un supermarché, que nous découvrons sur les cabas de l’enseigne des images familières : des vignobles en terrasses en bordure d’eau. La photographie nous ramène en Suisse : on dirait le Lavaux . Après quelques recherches, nous réalisons que ces paysages sont ceux du Duro, là où se récolte et produit le vin de Porto.
En traversant la région, nous sommes frappés de voir la ressemblance effective avec notre région d’origine. Pourtant, c’est le nombre de maisons fermées et l’absence presque totale d’habitants qui nous sidère le plus. Nous voyageons une journée entière et sur une centaine de kilomètres dans un  décor de carte postale sans croiser plus de cinquante personnes.
Porto : entre tradition et modernité
Plus petite que Lisbonne, Porto n’en reste pas moins vivante et animée. Son caractère plus provincial offre à la jolie ville un charme différent, plus bohème et poétique que la capitale. Lovée sur les rives du Duro, Porto raconte l’histoire du fleuve et des vignes qui le bordent en amont.
Comme Lisbonne ou l’ensemble du Portugal, Porto navigue entre les âges, conservant vivantes des traditions, des arts ou des objets ailleurs oubliés. Ainsi, découvrons-nous au détour d’une ruelle, un lavoir authentique, dans lequel les femmes viennent faire leur lessive, en pleine ville contemporaine.
Extrémité sud-ouest de l’Europe, le Portugal a des allures de bout du monde. Il ne s’apparente à rien. Ou plutôt, il rappelle tant de choses : l’Afrique, l’Irlande, les Cornouailles ou même la Suisse. Appartenant à divers mondes, il conserve vivant des traditions et habitudes d’une autre époque. Par sa diversité, le Portugal désarçonne, émeut, interroge. En un mois, ce pays a su nous séduire, progressivement, au fur et à mesure de nos expériences et prises de conscience.
 
ATTENTION : Ce récit contient 2 parties, la première ci-dessous, la seconde  par ici: Février 2013 - Espagne
Le Portugal : en résumé
Outre les éléments décrits dans les lignes qui précèdent, voici quelques observations faites au cours du voyage. Les Portugais possèdent et entretiennent volontiers un jardin potager, sinon devant leur maison en campagne, dans les jardins collectifs ; c’est là probablement un moyen de faire face aux prix élevés des légumes au marché. Concernant les produits végétariens et bio, les magasins ont systématiquement un ou deux rayons dédiés à ce genre de nourriture. Drôle de contraste quand on constate combien la morue séchée est omniprésente, parfumant indélicatement les supermarchés, rues et recoins de tous le pays. A propos de la morue, c’est étonnant pour nous de constater qu’un pays européen recourt à ce mode de conservation des aliments. Nous avions l’habitude de cela en Asie et moins dans nos contrées.
La langue nous est restée inaccessible, malgré notre envie de nous y atteler. Il faut dire que bon nombre de Portugais parlent français avec aisance et plaisir…
Le vin est très apprécié et consommé avec autant de fréquence et quantité qu’en France ou en Suisse. C’est un produit phare du pays, bien au-delà du vin de Porto.
 
L’organisation du pays semble centralisée sur les deux ou trois grandes villes. Le reste du pays est très peu développé, donc très préservé et authentique, ce qui nous a beaucoup séduits. Cela dit, les villages ne sont pas très attrayants. Dépourvues de charmes, les demeures privilégient le fonctionnel à l’esthétisme. Souvent cubiques, les maisons sont peu originales et rarement décorées, sinon parfois d’une bordure bleue autour des portes et fenêtres.
La nature et les paysages sont en revanche d’une grande variété. Il suffit souvent d’une dizaine de kilomètres pour changer totalement d’environnement. Par endroits, l’herbe verte se répand sur des centaines d’hectares, tandis qu’ailleurs les chênes liège recouvrent plateaux et collines à perte de vue. Nous avons d’ailleurs été surpris de découvrir divers artisanats à base de liège. Outre son utilisation primaire pour les bouchons et les récipients, le liège est utilisé comme un cuir et sert à confectionner des ceintures, des porte-monnaie, des calepins, des chaussures, casquettes ou bérets et même des parapluies. Imperméable et malléable, le matériau offre les mêmes caractéristiques que le cuir, avec l’avantage d’être renouvelable et végétal.
 
Il y a au Portugal une grande quantité de cigognes, que l’on observe aisément. En constatant combien la jeunesse est absente des villages, on se dit que les cigognes du Portugal emportent les enfants loin d’ici, ailleurs en Europe. Là-bas on construit, on vend, on achète, on consomme, on s’amuse. Ici, on récolte, on laboure, on confectionne, on contemple, on puise dans la terre l’énergie et l’émotion d’être en vie. Le rythme semble plus lent, l’activité plus laborieuse, les regards moins enjoués. On sent chez ceux qu’on croise, l’intensité d’une vie intérieure qui ne se partage que dans l’intimité. Or, l’intimité justement reste intime. Elle ne s’étale pas, ne s’achète pas. Elle se gagne probablement avec le temps et la patience nécessaire à la construction de la relation, l’établissement de la confiance.
 
Le Portugal ne s’appréhende pas en quelques minutes. Secret et introverti, il exige du visiteur la patience et l’attention que méritent ses traditions. En arrivant d’Espagne, pays qui nous frappe par sa joie de vivre et son dynamisme, nous avons eu ici l’impression d’un pays mort, d’une nation désertée, abandonnée par une jeunesse qui laisse les vieux seuls sur la terre des ancêtres. On croise peu de gens. Hors des grandes villes, les commerces sont rares, épars et modestes. En bordure de village on découvre quelques ruines, dont certaines habitées.
Et puis, avec le temps, on comprend. Le Portugal n’est ni lent ni mort. Tout au plus est-il en jachère. Ce pays nous touche plus que nous l’imaginions. Il y règne une profonde humilité et une gentillesse sincère. Les gens sont modestes et travailleurs. Sobre et sérieux, le Portugal bouleverse celui qui tend l’oreille et sait entendre les émotions qui vibrent en silence dans le cœur de chacun. Ici, la terre et les hommes sont émouvants. Moins exubérant que sa voisine hispanique, le Portugal nous inspire et nous trouble cependant. Ce pays a l’âme d’un poète.
ATTENTION - ATTENTION - ATTENTION
Ce récit n'est pas terminé, il se poursuit en Espagne : Février 2013 - Espagne
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