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Depuis l’Equateur, nous avons traversé rapidement le Pérou jusqu’au nord du Chili, où nous avons mis le cap sur Iquique. Là, nous avons profité de visiter cette ville que nous avions zappé lors de notre passage dans le coin en avril passé et avons effectué un service Iveco (réparation d’une fuite d’huile, changement des amortisseurs avants) avant d’entreprendre la traversée de la Bolivie, dont on nous avait dit qu’elle pouvait être aussi éprouvante pour la mécanique qu’enchanteresse pour le coeur.
La Bolivie dans notre esprit, c’était l’altiplano, des routes et des villes à 4'300 – 4800 mètres d’altitude, des paysages somptueux, le salar d’Uyuni, des thermes, des coutumes et des costumes ancestraux. Mais c’était aussi les risques du mal des montagnes, de la fatigue, des pistes en piteux état, le froid. Depuis notre arrivée sur le continent, nous nous réjouissions de découvrir ce pays, autant que nous l’appréhendions un peu. A Iquique, nous avons même hésité à nous rendre en Bolivie tant les conditions climatiques paraissaient incertaines quelques jours encore avant que nous y entrions. Une vague de froid et des tempêtes de neige rendaient impraticables certaines routes, la région de Potosi avait vu des personnes mourir de froid et quelques touristes se sont trouvés bloqués par des vents glaciaux et des mètres de neige des jours durant, dans la région du Sud Lipez et du Salar d’Uyuni. Les images découvertes dans les pages actualités de Google montraient le désert d’Atacama sous un mètre et demi de neige, chose à peine croyable, le Paso de Jama était fermé depuis plusieurs jours et toutes les routes d’altitude semblaient condamnées au même sort. Le tableau était à ce point catastrophique, que nous avons envisagé l’espace d’un jour d’embarquer Casita dans un container depuis Arica pour… poursuivre le voyage ailleurs en meilleures conditions.
Par chance, nous avions sur place en Bolivie des amis que nous espérions retrouver. Leurs réponses à nos questions et mails nous ont rassurés et nous avons décidé de les rejoindre au Parc national bolivien de Sajama.
Voici donc le récit de notre traversée de la Bolivie, un pays qui nous a réservé bien d’autres surprises que celles que nous attendions et qui nous a rappelé quasi quotidiennement à quel point c’est beau la vie…
Parc de Sajama et retrouvailles
A 4'000 et quelques mètres d’altitude, à quelques kilomètres après un passage de frontière qui rappelle ceux d’autres continents avec sa course aux photocopies, tampons et autres aller-retour dans des cages d’escaliers délabrées et le plus souvent sans issue, le Parc de Sajama s’étend au pied de plusieurs volcans aux cimes enneigées. Une pure merveille. Tous les trois kilomètres, nous découvrons un petit hameau et sa dizaine d’habitants souriants, émouvants et accueillants. Enfin, au bout de la route, à côté de la barrière du poste d’entrée dans le parc, nous apercevons le combi VW rouge d’Aless et Céline, nos amis suisses rencontrés à Varkala en Inde en automne 2009 ! Ils sont là, le sourire aux lèvres et les bras écartés. Nous nous retrouvons comme si nous nous étions quittés la veille. Aless raconte leurs premières expériences en Bolivie, les routes bloquées par les manifestants, les pistes défoncées, l’approvisionnement en carburant plutôt aléatoire, le tout avec un enthousiasme et un plaisir qu’il confirme en nous souhaitant la bienvenue dans ce pays où voyage rime avec aventure. Ah ! C’est si beau li vie…
 
Nous installons le bivouac en pleine nature, à 1 km à pied de sources thermales en libre accès, dans lesquelles les enfants, Thierry et nos deux compères se rendent en fin d’après-midi, laissant Véro récupérer seule dans Casita d’une tourista attrapée au Chili. Le bain est sensas. Dans un calme absolu, l’eau émerge du sol à plus de 40 degrés et emplit un petit bassin naturel. On blablate, on prend des photos, on se repose, on se retrouve. Le temps passe et bientôt la nuit tombe et avec elle la température aussi. En vitesse nous nous rhabillons et prenons la direction des véhicules. Les pas deviennent de plus en plus hésitants, nous trébuchons, glissons et tout à coup, les enfants s’inquiètent, on ne voit plus les véhicules, c’est par où ? Nous misons sur une minuscule lumière en espérant qu’il s’agit bien de Casita et non d’un éclairage du hameau. La nuit, dans l’immensité, les perspectives sont écrasées.
Au fil du temps
 
Derniers tours de roue au Chili
D’Arica au Chili, nous avons pris la route en direction d’Oruro en Bolivie, en passant par le parc national de Sajama. Sur le chemin déjà, les paysages sont prenants, la route se glisse dans les reliefs tel un serpent et laisse découvrir des lagunes, des roches et des ciels à se décrocher la mâchoire.
Nos derniers tours de roue au Chili sont merveilleux, comme nos derniers contacts avec les chiliens. Tandis que Thierry a doucement coulé un stop, un policier l’interpelle à coups de sifflet, puis le questionne, que veut dire ce panneau, stop en effet, pourquoi ne vous êtes-vous pas arrêté, stop c’est stop non ? pas besoin de me voir pour vous arrêter, au Chili en tout cas c’est comme ça, après, c’est autre chose. D’un geste flou de la main, il désigne les montagnes et conclut : de l’autre côté là-bas, c’est le bordel, mais ici, stop, c’est stop, d’accord ? Bonne route.
Oruro
En quittant le parc, nous convenons avec Aless et Céline de ne pas nous attendre, mais de nous retrouver tôt ou tard, nos routes et projets étant similaires dans le pays. La route est superbe, tant du point de vue de son état que des paysages qu’elle traverse.
Casita en revanche montre quelques signes de faiblesse, au démarrage pour commencer, nous devons régulièrement sortir la génératrice pour recharger la batterie moteur qui ne supporte pas plus de trois tentatives de démarrage à froid. Plus tard, c’est le témoin d’injection qui s’allume à quelques reprises. Quand cela se produit, le carburant n’est plus envoyé au moteur qui se met au ralenti forcé et la pédale des gaz n’a plus aucun effet. Difficile dans ces conditions d’entreprendre des dépassements par exemple, puisqu’à tout moment le moteur peut « débrayer » tout seul. Et puis ça passe…
Un peu plus loin, c’est le voyant des freins qui s’allume. Nous nous arrêtons pour vérifier le niveau de liquide, tout est en ordre, il faut changer les plaquettes probablement. Un coup d’œil au compteur, il affiche 110'000 km, quand les a-t-on changées la dernière fois ? Elles sont d’origine…
 
A Oruro donc, nous privilégions le changement des freins, ce qui nous offre l’occasion d’assister à un défilé dansant en pleine rue, juste à côté de Casita. Extra !
Et puis, nous rencontrons Mathieu, un jeune enseignant vaudois amoureux un temps d’une bolivienne et aujourd’hui de la Bolivie, où il vient passer toutes ses vacances. Il nous raconte Oruro, ses carnavals, sa mine, son resto végétarien… Il emmène les enfants visiter une boutique de costumes et de masques de carnaval et voir l’ascenseur de la mine qui transporte les mineurs de 3'800 mètres d’altitude à 500mètres en dessous du niveau de la mer. Au passage, il font un crochet par le bar qu’il est train de rénover avec des amis et rapportent un peu de fromage de chez nous pour la route. Encore une de ces rencontres express où tout se passe avec une simplicité époustouflante et une générosité de l’instant qui ne cesse de nous émerveiller.
D’Oruro à Potosi
La route est toujours en bon état et Casita munie de nouvelles plaquettes de freins à l’avant se contente d’allumer son témoin d’injection occasionnellement. Probablement un effet de l’altitude…
A Challapata, c’est dans une boucherie que Thierry et Véro achèteront leurs légumes, au milieu des pieds de porcs, langue de bœuf et autres morceaux d’origine douteuse. Challapata, c’est aussi la rencontre avec Mathilde et Clément, deux jeunes aventuriers qui voyagent en VW coccinelle. L’entrée en matière de Mathilde est géniale : spontanée, enthousiaste, vive et enjouée, elle nous saute au cou, nous assaille de questions et nous raconte leurs aventures. On papote, on papote et puis nous prenons la route ensemble. Le soir, ils déclineront notre invitation à dormir dans Casita, mais accepteront avec plaisir les sacs de couchage supplémentaires que nous leur prêtons pour affronter la nuit sous tente par - 10°C.
Au petit matin, nous sortons une nouvelle fois la génératrice pour démarrer Casita et leur proposons de démarrer la cox, juste pour être sûr. Depuis quelques temps, leur voiture se montre en effet capricieuse et n’en fait qu’à sa tête. Confiants, ils renoncent et nous laissent partir en avant en direction de l’Ojo del Inca, une lagune d’eau chaude où nous espérons retrouver Aless et Céline.
Potosi
Nous avons bien aimé la ville de Potosi, plutôt jolie et de taille moyenne. Nous bivouaquons dans le parking de l’hôtel Copacabana, parfait. Mathilde et Clément quant à eux, n’ont guère profité de l’endroit. Depuis trop longtemps maintenant, ils triment, galèrent et s’épuisent et cette fois, le resto végétarien de la ville n’apporte aucun réconfort : c’est dégueu !
Pour eux, le voyage tourne ou cauchemar, leur voiture étant chaque jour en panne. Nous sommes touchés par leur volonté, leur courage, leur détermination, leur générosité et leur état d’esprit. Ce qui nous frappe, c’est combien les gens leur semblent hostiles. Nous nous questionnons à ce sujet. Notre expérience est tellement différente. Partout, les boliviens nous sourient, nous abordent, nous accueillent. Est-ce notre véhicule, le fait d’être en famille ou notre naïeveté qui provoque cela ? Comment peut-on à deux heures d’intervalles vivre des expériences à ce point différentes au même endroit dans des conditions similaires ? Chaque voyage a son histoire et chaque voyageur a son voyage…
A l’Ojo del Inca, 20 km avant Potosi, nous retrouvons en effet Aless et Céline qui s’y prélassent. Un régal. L’endroit est beau, la lagune agréable. Seule ombre au tableau, le prix et une femme exécrable pour l’encaisser.
La journée se passe et aucune cox ne nous rejoint. Nous pensons alors que nos nouveaux amis n’ont pas vu passer le village de Tarapaya ou qu’ils ont décidé de continuer tout droit en direction de l’Argentine, puisqu’ils n’ont que 5 jours pour gagner Buenos Aires à temps pour accueillir des amis qui viennent les rejoindre. A la tombée de la nuit pourtant, ils arrivent, la mine défaite et les mains noires, la cox n’a pas démarré, personne n’a voulu les aider, ils ont poussé à la montée et filé à la descente, puis réparé eux-mêmes. Ils sont écoeurés. Par chance, Véro a préparé des lasagnes qui remontent le moral aussi vite que l’ascenseur d’Oruro ramène les mineurs des entrailles de la terre au soleil.
Uyuni
De Potosi à Uyuni, une route est en construction et une grande partie du chemin est déjà asphaltée. Une chance. Arrivés à Uyuni, nous découvrons une bourgade plutôt glauque, genre ville fantôme ressuscitée par le tourisme. Nous traversons sans nous arrêter. Ce qui nous intéresse ici, c’est le salar et nous voulons y être le lendemain pour fêter l’anniversaire de Véro. Il nous reste 20 km de piste en tôle ondulée pour arriver à l’entrée du salar. 20 km interminables. Chaque 2 kilomètres, le témoin d’injection s’allume… Casita ne veut plus avancer. C’est à notre tour de connaître la poisse. A la nuit tombée, nous décidons de renoncer au salar. Il faut soigner Casita. Thierry change le filtre à carburant. Au Tibet, cela avait suffi. Ici, cela ne change rien. Casita ne démarre même plus. Le moral sombre. Il fait – 15°C, nous sommes nulle part, ni à Uyuni, ni au salar. Nos beaux projets s’envolent…
Le lendemain matin, Thierry négocie un remorquage jusqu’à Uyuni avec un camionneur. Ce dernier doit revenir dans une heure nous chercher. « Joyeux anniversaire, maman » entonnent les enfants sans aucun enthousiasme. Dépité, Thierry se met au volant. Une dernière fois, il veut essayer de démarrer. Miracle. Ca marche. Il passe la première, la deuxième, la troisième… le voyant s’allume ! Et M ! Voyons les choses du bon côté. Ca roule. Pas vite, mais ça roule. Si on reste à moins de 2100 tours/minutes, ça va. On a donc plusieurs choix. On attend le camionneur pour se faire remorquer sur Uyuni, on retourne seuls sur Uyuni ou alors, on va sur le salar sans s’éloigner trop des traces, au pire on se fera remorquer depuis là-bas. C’est vite vu. Cap sur le salar. Les yeux rivés sur le compteur au début, Thierry se laisse rapidement envoûter par la magie de l’endroit. A perte de vue s’étend une mer de sel immaculée. Ouahou ! Incroyable ! Fa-bu-leux ! T’as vu ? On dirait qu’on est sur la banquise, il y a des trous en plus, on dirait que les ours sont venus pêcher ici. Dans Casita, chacun apporte son commentaire. L’émerveillement nous gagne tous et les soucis mécaniques ne parviennent pas à nous contenir. Nous sommes heureux, euphoriques. « JO-YEUX AN-NI-VER-SAIRE, MA-MAN… » Le ton est donné, nous passerons deux jours et une nuit inoubliable au milieu de rien, seuls au monde. Ce salar, nous l’attendions et nous nous en réjouissions. Il fait désormais partie de nos plus beaux souvenirs.
Pour la petite histoire, à quelques kilomètres de la sortie du salar, Max propose une énième fois à Thierry de dépasser les fatidiques 2’100 tours/minute. Thierry accepte finalement. Pied au plancher, il fait monter les tours en 2ème. Ca passe. 3ème… ça passe. Il roule ainsi quelques kilomètres à 3'500 tous/minute. Ca marche. A Uyuni, un skype avec le service de piquet d’Iveco à Morges (c’est le 1er août, jour férié évidemment !), nous apprenons que le problème est un problème de géométrie variable du turbo… Ca aurait pu être la turbine de décompression stérile isovoltaique, que ça ne nous aurait pas plus éclairer. Tout ce qu’on sait, c’est que ce n’est pas grave et que c’est pas dangereux pour le moteur. Et vous savez quoi ? Depuis ce téléphone, le témoin d’injection ne s’est plus jamais allumé ! Allez comprendre…
Cochabamba
Sur la route entre Uyuni et Cochabamba, nous faisons une halte aux sources thermales Las Obrajes situées à 20 km d’Oruro en direction de Cochabamba. C’est Mathieu qui nous a filé le tuyau et c’est un excellent bivouac en dehors de la ville d’Oruro.
 
A Cochabamba, Aless et Céline nous ont retrouvés, le 6 août, jour de fête nationale bolivienne. Au programme défilé, tambours, trompettes et majorettes. Nous bivouaquons aux premières loges, le long de l’avenue du Prado.
 
Cochabamba est une ville animée, dont le marché nous a plu. Nous avons aimé déambuler dans ces rues où l’on trouve tout ce que l’on cherche et ce qu’on ne cherche pas. Les rues sont organisées par spécialité, il y a la rue des coiffeurs, la rue des vendeurs de clous et de vis, celle ou l’on vend les ventilateurs, ou encore celle des vendeurs de tuyaux. En bref, si dans nos contrées on accorde parfois des permis d’exploiter en fonction du nombre de concurrents déjà présents dans le quartier, ici, on regroupe au même endroit tous les concurrents.
 
Cochabamba, c’est aussi une ville typique, non coloniale. Son charme n’est pas spectaculaire, ni monumental. Pas d’église en particulier ou de bâtiment à admirer. On se délecte simplement de la vue des gens qui vivent, qui vont et viennent à leurs occupations. L’endroit n’a rien de touristique.
 
Arrivé là en Bolivie, on quitte aussi l’altiplano. Nous sommes ici à 2'800 mètres, autant dire en plaine ! Dès lors, la température grimpe. Il fait bon rester dehors en soirée, on hésite presque à enclencher les ventilateurs à certains moments de la journée. Nous avons changé d’univers, ce qui nous convient parfaitement.
De Cochabamba à Montero
Nous avons poursuivi notre descente par Villa Tunari, en traversant la région des cultures de coca. Les paysages et scènes de vie ressemblent alors à ceux du Laos ou de certaines parties de l’Equateur, baraques en bois sur pilotis, végétation tropicale, douches et bains en plein air ou en rivière pour les locaux comme pour nous. Un régal. Au bord des cours d’eau, nous allumons le feu pour y faire cuire des pizzas ou des crêpes. La nuit tombée, des ombres glissent sur la rivière, ce sont des hommes embarqués sur des sortes de radeaux qui préfèrent utiliser la voie fluviale plutôt que la route pour acheminer leur marchandise…
 
Le climat tropical que nous apprécions tant a aussi son revers de médaille : les insectes. Ici, ce ne sont pas des moustiques, mais de minuscules moucherons du type de ceux qui naissent sur les fruits trop murs. Ils passent à travers les moustiquaires, se moquent parfois des répulsifs anti-moustiques parce qu’ils n’en sont pas et piquent allégrement chaque millimètre de peau non couvert. Aussitôt apparaissent sur l’épiderme des boutons pleins de pus, qui forment ensuite une croûte. Ca gratte affreusement et quelques jours plus tard, ça gonfle. C’est ainsi qu’Aless a vu ses chevilles  enfler au point de nous faire craindre pour lui un début de maladie d’éléphantiasis… Pendant quelques jours nous lui avons demandé des nouvelles de ses moonboot…
 
A Las Piedras, un camping sur la route, nous avons pu observer les capivaras, de grands rongeurs de la taille d’un cochon et qui ressemblent à un castor sans queue.
 
Peu avant Montero, la piste devient scabreuse et sableuse, sur quelques kilomètres nous roulons à la vitesse du pas, jusqu’à un pont-barge, que nous passons avec inquiétude.
La route des missions Jésuites
De San Javier à San Jose de Chiquitos, nous avons suivi la route des missions jésuites. Nous avons baptisé la piste : la route à 40 en souvenir de la ruta 40 de Patagonie et parce que c’est la vitesse constante que l’on peut y tenir. Au total, ce sont quelques 400 km de secousses et vibrations à travers des paysages sublimes. Souvent nous avons l’impression d’avoir changé de continent et de rouler en Afrique, en pleine savane. La végétation y ressemble, la terre est rouge, de nombreux points d’eau où viennent se désaltérer des troupeaux de zébus jalonnent le chemin, les habitations ressemblent aux cases africaines, en terre. On cherche par réflexe à voir surgir une girafe ou déambuler des africaines avec leur jarre sur la tête. Après l’altiplano, le dépaysement est total. Nous adorons.
 
Si nous n’avons pas éprouvé de grand intérêt pour les missions elles-mêmes, nous nous sommes posés quelques questions sur le sort des indigènes qui vivaient là avant et qui y vivent encore chichement. Dans cette terre du bout du monde, ils n’ont que peu de ressources financières.
Au passage, nous avons passé une nuit à Colonia, une communauté de Ménonites située 40 km avant San Jose de Chiquitos. Nous avions entendu parler de leur fromage et étions curieux de découvrir leur style de vie. Du coup, nous avons été reçus avec enthousiasme par un groupe d’hommes qui nous ont fait découvrir la fromagerie et déguster leur production, somme toute un peu décevante. Wilhelm, l’un des joyeux hôtes, voulait nous faire visiter la communauté le lendemain. Super ! Sauf qu’à l’heure dite, c’est son fils qui rapplique sur une trottinette au look improbable pour nous annoncer que la visite est annulée. Nous ne savons pas qui de la messe du dimanche ou de l’épouse du-dit Willy fut la cause de ce contre-temps. Il faut dire qu’en regardant passer les femmes, nous sommes frappés par leur austérité, sévérité et par la crainte qui se lit dans leurs yeux.
Précisons encore que nos impressions sur cette communauté sont mitigées. Il y a un aspect de leur quotidien qui nous séduits beaucoup, c’est le côté « petite maison dans la prairie », les charrettes tirées par les chevaux, la proximité avec la nature, le refus de certaines technologies. Cela donne au lieu une atmosphère surréaliste. Le soir, on n’entend que le cloc-cloc-cloc des sabots des chevaux qui accompagne le bruit de l’air déplacé par la carriole munie de pneus.
En revanche, quand on cherche à comprendre la raison d’être de certaines règles qui les gouverne, nous restons perplexes. Aucun n’est capable d’en mentionner le premier fondement. On fait ainsi parce que c’est dit comme ça dans la religion. C’est tout et ça suffit. Enfin, si la communauté compte environ 4'200 âmes, cela ne semble pas toujours empêcher les risques liés à la consanguinité.
Lorsque nous quittons les lieux le dimanche matin, le parking de l’église est bondé de calèches, tandis que les enfants restent seuls à la maison. Sont-ils interdits de messe ?
Aguas calientes, c’est chaud !
De San Jose de Chiquitos à la frontière brésilienne, la route est asphaltée et magnifique. Mais quelle drôle d’idée que d’aller dans des sources chaudes pour se raffraîchir quand il fait 40 degrés à l’ombre… L’eau est encore plus chaude que l’air ! Par contre, c’était le but de notre excursion ici, il y a dans la rivière des trous de sables mouvants qui nous rappellent les sources magiques d’Egypte. Nous nous y enfonçons en riant.
Nos voisins du jour sont des ménonites en vacances et en bikini. Nous nous sommes rincé l’œil !! C’est chaud Agua calientes…
 
Le soir nous déballons le fromage acheté sur la route à un fromager suisse et dégustons une raclette au feu de bois ! Aussi, succulent qu’inattendu !
Le lendemain, nous nous déplaçons de quelques kilomètres pour rejoindre le site El Puente où l’eau devait être plus fraîche. En effet, elle fait 35°C ! L’endroit est idyllique, une sorte de petit îlot encerclé par la rivière. Nous bivouaquons là deux jours et sortons hamacs et boules de pétanque, signe que nous nous sentons bien.
Juillet-août 2011 : Bolivie
Pentanal bolivien
Juste avant de sortir de Bolivie, nous faisons un petit tour dans ce que l’on appelle le Pentanal bolivien, le Parque Otuqis. Sur 50 km, la piste longe des marais et les oiseaux s’envolent sur notre passage. Hérons, toucans, grues, aigrettes et autres échassiers forment alors une escorte à Casita et nous les observons tantôt en roulant derrière eux, tantôt en nous arrêtant pour en écouter les chants qui accompagnent les bruits de la forêt.
Au fil des expériences
 
Altitude et climat
Etonnamment, nous avons beaucoup mieux supporté l’altitude en Bolivie que nous l’avions supportée au Nord Chili ou au Pérou. Nous avons donc bien dormi en général, même dans la région des missions où la température descendait rarement sous les 30°C.
 
Aless et Céline
Nous avons finalement fait la majeure partie du parcours en leur compagnie et ce fut parfait. Les choses se sont organisées en toute simplicité, chacun respectant le rythme de l’autre, sans pression et sans attente. Pas de soucis de menus, pas de soucis de délais, pas de soucis d’itinéraire. Tout est resté ouvert en tout temps et nous avons ainsi profité d’être ensemble, pour le seul plaisir d’être ensemble. Evidemment, nous avons aussi joué : pétanque, loup-garrou, jeux de théâtre, etc. Bonne route à eux, en espérant que leur véhicule veuille bientôt reprendre du service.
Un jour sur la piste…
Un jour que nous roulions sur la piste des missions, notre voyage a pris des tournures plutôt inhabituelles. Tout a commencé avec l’enrouleur du store qui s’est cassé et qui tient désormais avec deux bouts de chambres à air noués. Plus loin sur la route, nous nous arrêtons devant un pont de bois pour en vérifier l’état avant de le franchir. Au moment de remettre le contact, tout est bloqué, les aiguilles du tableau de bord sont figées. Pas un son. Un coup d’œil dans le capot nous permet de réaliser que la partie métallique de la sangle qui tient habituellement la batterie en place causait un court-circuit entre les deux pôles de la batterie. Là aussi, c’est un morceau de chambre à air qui tient désormais la batterie arrimée. En voulant refermer le capot, nous réalisons que les secousses de la piste en ont cassé le loquet de fermeture. Donc c’est une sangle qui assure désormais la fermeture du capot…Ainsi équipés, nous avons passé le pont… et changé la roue arrière 100 mètres plus loin. Un clou non repéré nous a crevé un pneu. Allons bon, on peut y aller. Une dizaine de kilomètres plus loin, Aless s’arrête. L’étagère suspendue au plafond du combi se fait la malle… Il répare, sans chambre à air. Une trentaine de kilomètres se passent ensuite sans encombre, nous sommes secoués, nous hurlons pour nous entendre, nous secouons nos mains devant nos visages pour voir la tête de notre voisin derrière la poussière, tout va super bien, on roule, on roule, la vie est belle, c’est Bolivie… Tiens, le moteur « débraye » et le voyant d’injection ne s’allume pas. Cette fois, le moteur s’arrête. On essaie de redémarrer, rien. Panne sèche ? Non, regarde, il reste trois quarts. Batterie ? Non, elle tient. C’est quoi là, ce voyant jaune ? Code clé. Un coup d’œil au manuel : le système de sécurité anti-vol a verrouillé votre véhicule. C’est gentil, mais y avait pas besoin, c’est nous qui conduisons. « Coucou, Casita, c’est nous, tu nous reconnais ? » On s’époussette un peu, c’est vrai qu’avec la poussière, nous sommes méconnaissables. Rien n’y fait. Tiens, essaie la deuxième clé. Rien. Bon. Voyons le manuel… Pour déverrouiller, utilisez le code de votre carte clé. Comptez le nombre de clignotements du témoin d’injection… Pour une fois qu’il va nous servir celui-là… Mais il est où ? Ben là normalement, mais il est éteint. C’est foutu pour le code secret de la carte… On est où là ? Nulle part, pourquoi ? Parce qu’on est bien mal barré…
Véro revient soudain avec son portable. Oui, nous avons un téléphone portable avec un numéro suisse. Nous ne l’utilisons que pour des sms avec la famille et en cas d’urgence. Et encore, faut-il qu’il y ait du réseau. Pour commencer, il faut le brancher, parce qu’il a beau être portable, il a une autonomie de 15 minute l’engin. T’as du réseau ici ? Oui, un petit bâton. Allons donc ! Et tu veux appeler qui ? Ben, Monsieur Détraz pardi !
– Allo ? Oui, voilà, je vous explique, nous sommes au milieu de rien et…
– Il fait encore jour chez vous ?
– Euh… Oui. Coup d’œil à la montre. Zut, c’est 22 heures en Suisse. Et c’est samedi ! Désolé, j’avais pas réalisé…
– C’est pas grave. Regardez voir si vous n’auriez pas un fusible qui a grillé, sinon, rappelez-moi, j’irai au garage voir comment je peux vous dépanner par téléphone…
 
Fusibles… Oh, oh… Y a un relais qui traîne là parterre. Y va où ? Essaie ici pour voir. Contact. Broum, moteur en marche. Sms. Merci M. Détraz. C’est réglé… Pas de quoi, bonne route !
 
Quelques minutes plus tard. C’est quoi la fumée bleue qui s’échappe du combi VW ? J’ai perdu 2 litres d’huile annonce Aless, sans aucune tâche de fuite. C’est le moteur qui les bouffe. Le lendemain. T’as une corde ? demande Aless. Va falloir que vous me tiriez… C’est ainsi que nous sommes arrivés à Roboré au lieu d’Agua calientes, Casita remorquant le combi de nos deux amis…
Approvisionnements
S’approvisionner en carburant en Bolivie est toute une histoire. Le plus souvent les stations n’ont plus rien à vendre et quand elles ont ce qu’il faut, elles sont envahies. Ce sont donc des files de plusieurs centaines de mètres qui précèdent chacune d’elles. En outre, il arrive fréquemment que le carburant soit facturé au double du prix aux véhicules de plaque étrangère, pour éviter les abus. En effet, le carburant étant bien meilleur marché ici que dans les pays limitrophes, le gouvernement fait ce qu’il peut pour limiter la vente à l’étranger. Ainsi, il arrive même que certaines stations ne soient pas autorisées à vendre du carburant aux véhicules étrangers. Cela nous est arrivé deux fois. A part cela, nous n’avons jamais eu à payer le double, ni à faire de longues queues. Nous avons toujours réussi à trouver du carburant sans peine. Mais il faut dire que nous étions contents d’avoir une autonomie de 1200 km…
Incident
Dans Casita, nous sommes souvent secoués... Ainsi, par exemple, quand on ne voit pas un ralentisseur, à l’arrière, ça saute grave et il n’est pas rare d’entendre des pleurs, parce qu’une tête a heurté le lit ou le plafond.
Un jour, ce ne sont pas des cris que nous avons entendus, mais des hurlements. ARRETEZ-VOUS, elle n’a plus de pied !!!
Sur une bosse, la table arrière a sauté. Elle est sortie de son socle et le pied métallique est retombé sur l’orteil de Loane. Il a fallu trois points de suture pour réparer les dégâts et un quatrième n’aurait pas été superflu. On voyait l’os… Le pire dans tout cela selon Loane, c’est que c’était son plus joli doigt de pied…
 
Bouffe
Avec Aless et Céline nous avons formé une équipe de cuisine hors pair. Tous végétariens, nous avons découvert et fait découvrir aux autres nos recettes fétiches : lasagnes à la viande de soja, épinards frais à l’ail, quinoa, pizza, crêpes ou raclette au feu de bois… Et puis aussi, Gato Negro chilien, Sangria au Pisco… Qui a dit que végétarien ne buvait rien…
 
Alors ? C’est Bo li vie ?
C’est le pied ! La Bolivie nous a enchantés, ravis, enthousiasmés, dynamisés, motivés, réveillés, secoués, stimulés… Nous avons retrouvé ici le goût du voyage et de l’aventure, le plaisir des pays sans supermarchés où tout s’achète dans la rue, qu’il fasse chaud ou froid. A part à Uyuni, nous n’avons jamais eu le sentiment de suivre un sentier touristique, même en restant sur les meilleures routes et en renonçant délibérément aux pistes trop mauvaises. Nous avons apprécié les gens, les paysages, le climat de l’Est du pays. Nous avons ouvert grand les yeux sur tout ce qui nous entourait et sommes sortis de ce pays avec la tête pleine de rêves et d’envies. Il y a ici tout ce que nous aimons et même ce que nous aimons moins nous a été supportable, à commencer par le froid, sans chauffage dans Casita. Nous avons découvert que par -15°C à l’extérieur, la température intérieure se maintenait à 8-9°C. La grande classe !
 
A suivre
Nous sommes arrivés aux chutes d'Iguascu...
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