Sixenroute-Malaisie

La Malaisie, ce sont aussi les malais, hindous, musulmans, bouddhistes ou chrétiens, ils sont souriants, avenants et intéressés. Ils nous sollicitent avec curiosité, nous demandent l’autorisation de prendre Casita en photo et expriment leur admiration avec sincérité. La Malaisie, c’est une immigration incroyablement simple, des formalités douanières réglées en cinq minutes pour une autorisation de séjour de trois mois, véhicule et passagers, sans aucun frais. La Malaisie c’est des vraies lettres qu’on peut lire et des mots qu’on apprend à déchiffrer, contrairement aux dessins et vaguelettes des pays traversés cette dernière année. Nous avons donc appris à dire bonjour en quelques secondes. Mais comme l’expression que nous avons retenue n’est valable qu’après midi, nous ne sortons pas le matin !!

La Malaisie, c’est à des milliers de kilomètres de la Suisse, trop loin pour venir embrasser une mémé qui fête ses 60 ans. Mais comme la Malaisie c’est l’hospitalité, Ronald nous a mis à disposition sa salle des fêtes et son réseau wi-fi, pour une connexion skype. A l’autre bout, l’ange Gabriel et son père Raphaël ont porté concrètement le message à l’heureuse grand-maman, couverte de fleurs et de pleurs pour le coup ! Merci à eux et encore Joyeux anniversaire mémé.

Malaisie : George Town

Dans cette ville coloniale, non seulement le bivouac en plein centre-ville nous offre une tranquillité étonnante et une vue mer imprenable, mais la communauté indienne est importante et le quartier indien tient toutes ses promesses. En quelques secondes de promenades dans les ruelles animées, c’est toute l’Inde qui nous revient en mémoire. Les couleurs des saris, les odeurs des dosai et autres curries, les sons des musiques et les bandes originales des productions Bollywoodiennes, les gling-glings des bracelets, les senteurs de l’encens, les paillettes des costumes et le délice des spécialités culinaires, sans parler de tous ces petits détails qu’on ne sait remarquer mais qui ne laissent aucune place au doute : vous êtes en Inde. Le temps d’une journée, nous nous sommes immergés avec délectation dans cet univers devenu si familier. George Town, c'est aussi la communauté chinoise et notamment son joyau, une maison familiale transformée en musée pour y narrer et exposer les fiertés de la famille.

Malaisie : snorkeling première classe !

Après quelques jours sur la côte Ouest, nous traversons le Nord du pays pour rejoindre la côte Est et plus précisément les îles Pérenthianes. Nous abandonnons Casita pour 4 jours sur un parking et débarquons moins d’une heure plus tard dans la crique du D’Lagoon. Longue d’une centaine de mètres, la plage abrite une dizaine de bungalow, une terrasse-resto et c’est tout ! Ambiance Crusoë amélioré. Le temps de poser le sac dans la chambre, nous enfilons palmes, masques et tubas et partons explorer les fonds marins, que la transparence de l’eau nous laissait déjà découvrir depuis le bateau. Devant nos yeux, s’étalent coraux, bans de poissons perroquets, anges, poissons boîte et autres anémones et poissons clown. Si les couleurs du corail sont moins vives qu’en mer rouge, la faune est très abondante et les coquillages sont incroyablement grands et colorés eux.

Le troisième jour, Thierry, Sam, Zoé et Loane, les seuls à se lever avec le soleil, traversent au petit matin le demi-kilomètre de jungle qui mène de l’autre côté de l’île, pour aller observer les requins. Dans moins d’un mètre d’eau, ils se trouvent tous les quatre, à peine entrés dans la mer, nez à nez avec l’un d’eux : un requin à pointe noire, d’un mètre dix environ, venu les saluer et les observer. Bientôt, un deuxième les rejoindra et leur laissera le loisir de les admirer pendant de longues minutes. Génial ! Enfin, pour achever en beauté ce séjour de vacances absolues sur cette île extraordinaire, nous avons opté pour une excursion tortue. Il faut dire que l’endroit est classé parc national et que les tortues y viennent pour pondre chaque année. Il y a d’ailleurs devant notre chambre, un bassin dans lequel barbotent une trentaine de jeunes tortues vertes, tout juste sorties de leurs œufs. Elles sont gardées là jusqu’à la fin de la saison sèche, le temps pour elles de grandir avant d’affronter les risques de la mer et pour les visiteurs de les observer longuement nager en direction de la mer, toutes ensemble le nez plaqué contre le bord du bassin. Le D’Lagoon compte d’ailleurs d’autres habitués originaux. Parmi eux, un varan de deux bons mètres, qui vient presque quotidiennement se promener entre les maisonnettes. Nous avons aussi vu plus d’une fois Gerry, la chouette qui répond quand on l’appelle et qui accepte de jour comme de nuit quelques friandises offertes par le personnel. Enfin, mentionnons encore le petit singe qui n’en fait qu’à sa tête et qui bientôt prendra sérieusement celle de ses maîtres qui ne savent déjà plus trop quoi faire de l’animal effronté.

Revenons-en à l’expédition tortue. Le matin, l’eau est un peu troublée et la marée haute. Du bateau on aperçoit une ombre. Nous plongeons. Il y a effectivement une tortue au fond, mais elle est à quelques sept mètres et la visibilité est médiocre. Déçu autant que nous, notre skipper nous propose de revenir plus tard, après le repas, en espérant que l’eau se sera éclaircie. De retour vers 13h sur le lieu d’observation, nous sautons à l’eau aussitôt que nous voyons une ombre. Une fois la buée ôtée de nos masques, nous découvrons, par dix mètres de fond, une énorme masse ronde, qui se déplace lentement. Nous la suivons, incapable d’en distinguer les écailles et la couleur. Après quelques petites minutes, l’animal semble remonter en surface. Nous retenons notre souffle. On la voit maintenant très distinctement. Elle mesure plus d'un mètre. Thierry nage juste au-dessus d’elle. Il allonge les bras en avant pour comparer sa taille à celle de l’animal. Elle semble définitivement plus longue que lui les bras tendus. Sa tête seule paraît mesurer environ cinquante centimètres. Soudain, la tortue monte et ressort juste devant lui. Par crainte de l’effrayer et de gâcher la magie, il s’abstient de la toucher et se décale sur le côté, pour laisser les enfants et Véro s’approcher. Sur quelques mètres, il nage à côté de la tortue, qui replonge lentement. Par la suite, l’animal remontera une fois par minute en surface, se laissant observer sous tous les angles, permettant même aux enfants de la caresser… Après notre rencontre avec les dugongs en mer rouge et notre virée au milieu des centaines de dauphins en Afrique du Sud, cette expérience restera gravée à jamais dans nos plus beaux souvenirs.

Chronique de Thierry. Qu’est-ce que le progrès ?

En Suisse, lorsqu’une personne est victime d’une infraction, d’une agression ou d’un accident, elle bénéficie de l’aide aux victimes. C’est bien. En Suisse, il existe des cellules de crises et des psychologues d’urgence, qui interviennent pour soutenir ceux qui ont vécu un traumatisme. C’est bien. En Suisse, il y a des lois, une police et des tribunaux, pour sanctionner les délinquants et protéger la population. C’est bien. En Suisse, la police, les tribunaux et les psychologues doivent intervenir chaque jour. Est-ce bien ? Hier, en Suisse, en plein centre ville de Lausanne, de jour, sur une rue fréquentée, à côté d’un restaurant bondé, deux hommes masqués et armés de couteaux ont braqué une station service et volé la recette. Ce matin, en Malaisie, lorsque ma belle-mère nous racontait les faits et la peur qu’elle a eue devant ses agresseurs, trois femmes malaises déposaient leur sac à main à l’extérieur d’un supermarché, pour y faire leurs commissions les mains libres. Dehors, personne ne gardait leurs affaires. Qu’est-ce que le progrès ?

La vie à bord

Nous avons repris l’école à fin août comme tout le monde. En guise d’introduction, nous avons fait passer aux enfants des épreuves de référence cantonale. Cela nous a permis à tous de nous situer… et de nous conforter. Les résultats sont très satisfaisants et chacun peut être fier de son travail. Cela dit, nous avons modifié notre système scolaire et enrichi le programme de nouvelles branches. Le vendredi, jusqu’alors peu exploité, a reçu un horaire similaire aux quatre premiers jours de la semaine. Désormais, aux maths, français, anglais que nous étudiions chaque jour, s’ajoutent : l’espagnol, l’allemand, l’économie et le droit. En ce qui concerne les branches physique/chimie, sciences naturelles, histoire et géo, elles ont reçu des cases horaires plus nombreuses. Nous venons d’achever une unité ainsi conçue et le système semble cohérent. Le but reste d’offrir aux enfants la possibilité de choisir plus tard l’orientation qui leur plaira. Cela requiert un très gros travail, de tous. Mais nos après-midi nous offrent tant de belles choses… Comment se plaindre quand après l’école, nous pouvons plonger tous en famille ?

2ème Partie

Malaisie – Hâte-toi lentement !

Rappelez-vous ce jeu de société qui consiste à avancer ses pions autour du plateau de jeu avant de les faire entrer dans la zone centrale. Combien de fois, à quelques cases du couloir sécurisé qui mène au centre, votre pion se fait-il « manger » par votre adversaire et doit-il recommencer tout son parcours ? On se dépêche, on prend un risque inutile. Et hop ! On recommence tout au début.

Depuis le début de notre voyage, nous avons privilégié le temps, la patience, la réflexion et la sécurité à la précipitation. Jusqu’ici, cela a payé et même si le temps passé à tourner et retourner les choses dans tous les sens est très inconfortable, nous ne changerons pas d’approche. Découvrez comment, depuis quelques semaines, nous nous hâtons lentement... Le temps : plus il manque, meilleur il est ! Vous le savez, nous sommes en pleines réflexions et démarches pour le transfert maritime vers le continent américain. Un vent d’impatience souffle dans Casita ; nous avons hâte de passer à autre chose, parce qu’alors les tracas, les doutes et les prises de tête seront derrière nous. Notre esprit tout entier est accaparé par ces démarches : mails, téléphones, relances, etc.

En outre, dans quelques jours, Ramona nous rejoindra et nous aimerions alors être libres et disponibles. Le stress nous gagne. Arriverons-nous à tout faire ? Décider sans se précipiter ? Célébrer dignement l’anniversaire de Sam ? Savourer ce que la Malaisie a à nous offrir ? Profiter des rencontres éventuelles ?

L’anniversaire de Sam est une réussite. Toute la famille se réjouissait. Nous voulions tous le combler. Sur une plage, il souffle ses dix bougies, déplie les dessins que ses frères et soeurs lui tendent, sourit gêné devant les cadeaux reçus. Il est heureux. Ca se voit. Et ses frères et soeurs le sont autant que lui. Depuis plus de trois semaines, ils oeuvraient et manigançaient en cachette, préparant leurs surprises avec zèle. Emouvant.

Quelques jours plus tard, notre shipping est loin d’être organisé et nous cherchons à faire bouger les choses. C’est alors, que nous rencontrons Alexis, Virginie, Chloé, Gaspard et Hugo : www.claventure.fr Pour nous, c'est une nouvelle famille française en voyage autour du monde. Nos parcours cumulés bouclent un tour du monde complet, comme nous l’a fait remarquer Alexis. Eux ont parcouru le continent américain du Canada à Ushuaïa, puis l’Australie. Nous avons visité l’Afrique, l’Inde et l’Asie du Sud. Aucun autre pays que La Malaisie, à la croisée des chemins, ne pouvait mieux se prêter à notre rencontre.

Nous allons immédiatement à l’essentiel. Le courant passe aussitôt. Nous nous apprécions. Nous aimons leurs voyages, leurs pensées, leurs récits. Nous découvrons une famille solide, éclairée et sincère. Nous restons ensemble 4 jours. Si nous optons pour la sédentarité, le repos et le calme, les discussions sont néanmoins intenses, parce que profondes. Nous nous écoutons. Nous échangeons nos visions, nos croyances, sans toujours les partager, ce qui rend la conversation d’autant plus passionnante. Humilité, admiration et respect réciproques pourraient résumer l’état d’esprit. Les enfants se trouvent en moins de deux minutes.

En 4 jours, pas un pleur, pas un cri, pas un souci. Chacun apporte au groupe ses connaissances, ses envies, de nouveaux jeux, du matériel : des perles, des trot’, un ballon, un diabolo, des hamacs, des livres... Tous ensemble, nous jouons au Loup Garrou pour le plus grand bonheur des enfants. Le temps a passé. Il faut se quitter. Hâtons-nous ! Lentement. Profitons un jour de plus. C’est si bon l’amitié. Et puis ? Nous reverrons-nous avant de quitter l’Asie ? Promis.

Aux Cameron Highlands, nous retrouvons Camille, notre amie suissesse rencontrée au Népal et retrouvée une première fois à Bangkok en août. A nouveau, nous recevons un mail de sa part nous annonçant sa présence dans le coin et quelques minutes plus tard, nous la découvrons attablée à moins de trente mètres d’où nous mangeons. Vite ! Prenons le temps d’être ensemble !

Camille nous rejoint dans Casita et c’est avec elle que nous faisons une superbe ballade dans les plantations de thé, en profitant sans retenue de la fraîcheur de l’altitude. Nous restons 3 jours sans nous quitter, parce qu’ensuite, nous savons que nos routes risquent de ne plus se croiser avant longtemps. Au moment de se dire au revoir, les coeurs se serrent. Camille est devenue comme la marraine de voyage des enfants.

Heureusement, nous avons en perspective l’arrivée de Ramona (la marraine de Sam), ce qui nous aide à reprendre la route. Parce que personne ne peut le donner ni le rattraper, prendre le temps est le seul moyen d’en avoir. Dans ces moments où la peur d’en manquer se fait sentir, nous apprenons à profiter du bon temps.

L’escroc démasqué

Nous n’avons pas aimé Cherating, station balnéaire sur la côte Est, réputée pour ses vagues et son surf. Nous étions hors saison. Pas de vagues. A la place : des méduses, par dizaines sur deux mètres carrés. Pas d’âme non plus. A la place : des vestiges d’une époque où le tourisme apportait sur la plage son lot de hippies et surfeurs dont le vague à l’âme explique en partie le vide énergétique des lieux actuels ! En bref, nous n’étions guère inspirés pour dénicher un endroit pour la nuit. S’il n’avait pas fait si sombre et que la laundry n’avait pas notre linge, nous aurions sans doute repris la route.

C’est alors qu’on nous a indiqué le Intan Restoran : il y a souvent des véhicules comme vous là-bas, il y a de la place. Quand on arrive, le patron nous accueille chaleureusement et nous propose de nous installer sur son terrain, à l’avant du restaurant. Un rapide repérage suffit à nous inquiéter : le sable semble mou. L’homme se veut rassurant. Nous y allons. Et nous nous ensablons gaiement ! Il fait nuit noire. Nous décidons de passer la nuit un peu plus près du sol qu’à l’ordinaire. Le lendemain, le patron nous propose d’appeler une dépanneuse. Combien ? Environ 300 USD ! On va attendre un peu et se débrouiller, merci. De 12h à 18h, Max et Thierry creusent, lèvent Casita, glissent les plaques sous les roues. A côté d’eux, un homme arrivé par hasard ( ?) propose son aide. Avec son camion, il pourrait nous tirer d’affaire. Son prix ? 800 USD. Non merci. « Vous n’avez pas le choix », ose le patron. On verra, on verra. Dans notre esprit, nous avons tout le temps. Deux mois de visas devant nous, ça devrait suffire ! Même si hier, nous étions pressés d’avancer.

A 18h, un groupe d’une douzaine d’hommes est réuni par une femme de passage. Un, deux, trois ! Poussez ! Dehors ! Un sourire au patron. Jamais, nous n’aurons vu l’enthousiasme de l’accueil se transformer en pareille moue de dépit ! Allez, pour rire, retenez bien le nom : Intan Restoran à Cherating ! Avant de partir, nous savions que pour réussir un voyage comme le nôtre, il faudrait soit beaucoup d’argent, soit beaucoup de temps. Comme tout le monde, nous n’avons ni l’un, ni l’autre en quantité infinie. Mais le temps peut se prendre sans voler personne.

La côte Ouest de Malaisie : Melaka

Melaka est une des premières jolies villes que nous visitions ! Une rivière aux allures de canaux offre à la cité une quiétude qui ne fait que souligner le charme de son centre, où l’on trouve églises, mosquées et temples hindous et bouddhistes, côte à côte. Ici, la mixité de la Malaisie est visible et plaisante. Nous parcourons les rues, admirons les maisons, les tuk-tuk et les fresques murales, visitons plusieurs musées et lieux de cultes, en prenant plaisir à mieux comprendre ce pays, son histoire, son peuple et ses coutumes. De retour de notre escapade, nous trouvons devant Casita un homme bouleversé. Malais d’origine chinoise, il nous aborde dans un français qu’il a étudié à l’Alliance française de Kuala Lumpur et qu’il entretient en regardant des séries francophones de la TV Australienne ! Tout un programme. N’empêche, il parle super bien ! Il s’appelle Ron, est professeur d’anglais et de golf, marié sans enfant. Notre aventure l’emballe. Il veut nous accompagner sur quelques kilomètres. Il veut nous enseigner le golf. A Max surtout, dont il dit qu’il lui manquera, après seulement dix minutes de conversation. Un déclic. C’est ce que notre présence a provoqué en lui, ouvrant toutes grandes en son coeur, les vannes de l’émerveillement.

Le lendemain, 6h30, une Volvo se gare à nos côtés. Le conducteur trépigne d’impatience. Après 5 longues minutes, il nous signale sa présence : c’est Ron. Il offre à Max deux clubs de golf, des balles et un chapeau de cow-boy. Quand on n’a plus de place, on en trouve encore et nous embarquons ces nouveaux cadeaux, dont la seule vue suffit aujourd’hui à nous émouvoir. Merci Ron !

Kuala Lumpur : l’essentiel.

Nous avons vu l’essentiel de Kuala Lumpur : IKEA ! Nous y avons déambulé en riant, seul magasin au monde à proposer des housses de duvet (couette, pour les français !) à 6 USD ! Parfait ! Ca faisait trois mois que nous cherchions.

Nous décidons sinon de passer à côté de la capitale, sachant que nous avons une chance d’y revenir pour shipper Casita vers l’Amérique.

La Malaisie : aise ou malaise ?

Au moment de sortir de Malaisie, nous sommes un peu perplexes. Ce pays est déroutant, sans véritable cohérence à nos yeux. En même temps, il nous touche, nous séduit. Et puis, il nous apparaît comme une reproduction réduite de ce qu’est devenu le monde.

Avec un drapeau, qui est la réplique de la bannière américaine, dont les stars sont remplacées par l’étoile et le croissant de lune islamique, la Malaisie promeut fièrement les tendances dominantes de la société actuelle : un rêve américain toujours aussi séduisant pour ceux qui n’en ont pas goûté l’amertume et une religion musulmane ultra médiatisée.

Nous avons parcouru sa partie péninsulaire du Nord au Sud et d’Est en Ouest. 80 % du paysage est composé de plantations de palmiers, dont on fabrique une huile de palme malsaine, mais extrêmement rentable. Or, cette mono culture provoque la destruction de 90% de la forêt tropicale. Une forêt dense, riche et vieille, abritant autrefois des milliers de variétés végétales et animales et dans lesquelles on ne trouve aujourd’hui qu’en quantité anecdotique les espèces qui faisaient la richesse de la planète. Cela nous rappelle la manière dont le monde se prive de ressources naturelles en visant le développement économique avant l’équilibre planétaire.

Sur le plan humain, les chiffres montrent un pays multiracial. Dans les faits, nous pouvons fréquemment observer des groupes de jeunes d’origines diverses prendre un repas ou réviser ses leçons ensemble. Pourtant, quelques lectures nous apprennent que l’équilibre est précaire. Quand l’économie ralentit, les tensions entre les religions deviennent tangibles, sinon dangereuses. Est-ce pour cela, que le gouvernement a fait du développement économique la fin qui justifie les moyens ?

Et pourtant, nous aimons ce pays, comme nous aimons ses plages sauvages, ses fonds marins et ses habitants, enthousiastes, souriants, généreux et chaleureux. Nous restons humbles devant le respect et l’hospitalité qu’ils nous témoignent. Nous sommes émerveillés par les sourires épanouis des femmes voilées ou non. Nous succombons au charme des quartiers indiens et aux saveurs de leur cuisine, autant qu’aux couleurs de leurs vêtements et à la douceur de leur regard. Nous fondons devant la tendresse qui se dégage des malais. Les Malais furent de grands explorateurs, dignes des Marco Polo et Vasco de Gama. Nous nous demandons aujourd’hui, si cela explique l’intérêt particulier que porte ce peuple pour notre voyage.

Jamais notre aventure n’a suscité autant d’intérêt, de questions, de sollicitations. Une équipe de télévision a souhaité nous inviter pour une émission. Rares furent avant les malais, ceux qui pouvaient comprendre le sens d’un voyage autour du monde. Ici, nous n’irions pas jusqu’à dire que cela semble naturel, mais presque. A peine entament-ils la discussion, qu’ils nous demandent si nous faisons le tour du monde et s’en réjouissent. Tout cela avec retenue et respect. C’est aussi le premier pays, où l’on nous demande systématiquement l’autorisation avant de photographier Casita. Amusant. Ici, nous nous prenons à rêver du jour où la chaleur humaine devienne énergie alternative ; alors un pays comme la Malaisie n’aurait plus aucun souci à se faire pour son avenir.

Chemin parcouru

Hâte-toi lentement, disions-nous...

Voilà un an, nous vous servions un récit rythmé et haletant des démarches à accomplir pour shipper Casita d’Afrique du Sud à l’Inde. Cette année, nos investigations nous semblent encore plus compliquées.

Premièrement, nous n’avons pas de destination claire : Mexique, Argentine, Equateur, autre ?

Deuxièmement, nous n’avons pas de port de départ fixe : Singapour, Kuala Lumpur, Bangkok, autre ?

Troisièmement, nous n’avons pas de moyen de transport défini : container, flat-rack, RoRo ?

Quatrièmement, nous n’avons pas d’idée précise au niveau du budget.

Du coup, nous avons reçu de tout, dans tous les sens et nous nous sommes perdus. Plus nous sollicitions des offres, plus nous nous perdions. Où aller ? Comment faire ? Les offres oscillent de 4'800.- à 11'000.- dollars. Seulement pour le fret.

A cela s’ajoutent les frais de chargement et de déchargement et tous ceux qu’on ne comprend pas mais qu’on paie toujours lors d’un shipping! Sans parler des billets d’avion ! L’idéal, ce serait de voler pour Los Angeles ! C’est le moins cher. Sauf que pour le bateau, c’est le plus cher ! Et si on faisait l’Amérique centrale sac à dos au lieu de faire encore un shipping ensuite entre Panama et la Colombie ? Bonne idée. On fait comme ça ! Pas de bol, on vient de recevoir une offre pour le Mexique à 3'600.- dollars.

Qu’est-ce qu’on fait ? Qu’est-ce qu’on veut ? De fil en aiguille, nous avions décidé de shipper vers Buenos Aires : plus pratique, parce qu’on y trouve Iveco et Webasto. Ca nous permet de faire changer la courroie de distribution de Casita avant de reprendre la route et de réparer le chauffage avant de monter à 4'000 mètres. Nous ouvrons l’ordinateur pour confirmer notre décision à nos interlocuteurs. Un mail reçu. Expéditeur MSC : « Nous avons décidé de mettre fin à vos maux de tête en vous faisant une offre imbattable à 2'500.- USD pour le fret en direction de l’Equateur ou du Chili, à votre convenance ! »

Et si on changeait d’avis encore une fois ?! Reste à voir où l’on peut faire changer la courroie de distribution de Casita et réparer le chauffage... Voir aussi l’impact sur les billets d’avion. Et puis... Et puis de nouveau faire un choix : Equateur ou Chili ? Quel port ? Et puis zut, y en a marre ! Si on faisait la mise à jour du site plutôt ? Voilà qui est fait !

A suivre

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1ère Partie.

Malaisie : Selamat Hari Raya

Il est rare que nous vous servions des expressions locales, mais il y en a quelques-unes que vous devez connaître ! « Selamat Hari Raya ! » C’est ce qu’on se souhaite en fin de Ramadan. Après un mois de jeûnes quotidiens et d’abstinence, pour éprouver et se rappeler une fois dans l’année ce qu’est la faim, Hari Raya ouvre la porte à tous les abus gastronomiques. On mange, on se goinfre, on partage, on invite. Hari Raya, c’est porte ouverte à la maison pour tous ceux qui passent par là. Hari Raya, c’est la fête qui se célébrait le jour où nous sommes entrés en Malaisie et qui dure pendant trente jours consécutifs ! Alors, Hari Raya a été pour nous l’occasion de visiter les demeures des malais.

C’est ainsi que nous avons découvert l’immense maison d’un entrepreneur fortuné, construite sur une colline, selon un modèle inspiré par une maison de maître aperçue par notre hôte lors d’une croisière sur le lac au large de Zurich. C’est ainsi aussi, que nous avons goûté aux mets délicieux et aux saveurs du moyen-orient dans une famille plus modeste.

La Malaisie, c’est donc pour nous les retrouvailles avec un pays à majorité musulmane, dont nous avions oublié la générosité, la gentillesse et l’accueil en ne gardant à l’esprit que les roublardises et insultes de certains égyptiens. C’est avec grand plaisir que nous nous réconcilions avec cette religion qui porte en elle quelque chose d’extrêmement cordial. A la charité chrétienne, nous avouons préférer aujourd’hui l’hospitalité musulmane, plus charismatique probablement. Parfois cependant, la vue des fillettes de 3-4 ans couvertes d’un voile nous fait hésiter entre révolte et attendrissement, parce qu’il faut l’admettre, elles sont vraiment « à croquer ».

Septembre-Octobre 2010 : Malaisie

Inde

Asie du Sud-Est

Amérique Latine